La Lettonie engage des poursuites contre le député Aleksejs Roslikovs pour avoir parlé russe

Le chef d’un parti politique letton a été arrêté et interrogé par la police ce lundi 16 juin à Riga. Aleksejs Roslikovs, représentant la minorité russophone du pays, est sous le coup d’une procédure pénale pour « incitation à la haine » au sein du Parlement qui pourrait lui valoir plusieurs années de prison. À l’origine de l’affaire, quelques mots en russe prononcés à la tribune du Parlement letton alors que le pays est lancé dans un processus de « derussification », vue d’un mauvais œil à Mouscou (interdiction de parler le russe qui, en Ukraine, avec la prise de pouvoir des ultras nationalistes, en 2014, avait conduit les oblats russophones du Donbass a déclarer leur indépendance, et qui a abouti à la guerre russo-ukrainienne armée que nous connaissons)

Ce lundi 16 juin, la police a effectué des perquisitions et a interrogé Aleksejs Roslikovs, avant de le laisser rentrer chez lui. Il a déclaré à la chaîne LTV qu’il avait pour interdiction de quitter le pays, dénonçant une procédure purement politique, qualifiant de « cauchemar » les soupçons d’aide à la Russie. 

Quatre jours après avoir affirmé devant l’hémicycle où l’usage public du russe est proscrit, « que  » nous sommes la majorité ! et le russe est notre langue »plus tard, une procédure pénale a été engagée contre le chef du  » Parti stabilité  » par l’agence de renseignement du service de sécurité de l’État. La procédure vise à déterminer si ces déclarations et activités d’Aleksejs Roslikivs enfreignaient une loi interdisant de provoquer des troubles au profit de la Russie, et incitaient à la haine et à la discorde nationales.

Cette affaire souligne la tension qui règne en Lettonie à l’égard de la minorité russe, qui représente environ 23% de la population. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le pays a adopté une approche plus dure vis-à-vis de la langue russe, renforçant les règles relatives aux permis de séjour et bloquant plusieurs chaines de télévision russes.

Le sujet est d’une grande sensibilité dans un pays où non seulement la lutte contre la langue, l’héritage des Tsar mais aussi les 51 ans de l’occupation soviétique marquée par une déconsidération de langue locale, le letton est engagée. Encore aujourd’hui, 23 % de la population est toujours russe et il reste de très nombreux russophones dans certaines régions, comme à Riga la capitale ou à Daugavpils, la deuxième ville du pays.

Or,  la classe politique lettone est vents debout contre la russification du pays et tente de réduire la place du russe dans le pays. Un projet de déclaration a d’ailleurs été présenté le 5 juin à la Saeima, le parlement, visant à « réparer l’héritage de la russification » en restreignant l’usage du russe dans l’espace public, alors qu’il n’a déjà plus cours à l’école.

La loi, qui avait tout du coup politique juste avant les municipales du dimanche 8 juin, a été reportée. Une belle opportunité pour le député populiste et pro-russophones Alexeï Roslikov, de monter à la tribune en parlant russe, ce qui est aujourd’hui interdit lors des débats à la Saeima, et de faire deux bras d’honneur à ses collègues. Le chef du parti Stabilité a été suspendu et fait désormais l’objet d’une enquête pénale.

Sous prétexte de soutien à la langue russe, des centaines de messages organisés et très relayés sur les réseaux sociaux sont apparus en comparant la classe politique lettonne à des « nazis ».

À Moscou les médias russes dénoncent depuis une « russophobie » en Lettonie, tout comme le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Exactement le même type de discours qui avait précédé l’invasion de l’Ukraine. C’est en raison de cette russophobie qu’en 2023, que L’Estonie et  la Lettonie ont annoncé l’expulsion des ambassadeurs russes dans leurs pays respectifs, après la décision similaire prise quelques heures auparavant par Moscou à l’égard de l’ambassadeur estonien. « L’ambassadeur de Russie quittera la Lettonie au plus tard le 24 février 2023. De même, l’ambassadeur de la République de Lettonie en Russie quittera la Russie d’ici le 24 février », avait affirmé le ministère des Affaires étrangères letton dans un communiqué. Riga avait motivé sa décision par la poursuite par la Russie de « l’agression militaire à grande échelle contre l’Ukraine, lancée le 24 février 2022 ainsi que par la solidarité avec l’Estonie et la Lituanie ».

Depuis, il n’y a pas eu de désescalade entre les deux pays. Les russes sont soumis à un contrôle très strict aux frontières de la Lettonie. Le service de sécurité de l’État avait annoncé, début juillet, avoir refusé l’entrée à 53 citoyens de la Fédération de Russie. Fin août Riga avait demandé à l’Union européenne la possibilité de cesser la délivrance des visas aux Russes, que ce soit de tourisme, de travail ou d’études.

La Lettonie a entrepris d’expulser des Russes ne parlant pas la langue

Des milliers de personnes devaient faire l’objet d’expulsions en Lettonie. La minorité russophone qui ne peut pas prouver ses connaissances en letton devait quitter le pays il y’a un an. Une décision qui avait mis hors de lui Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine. Des centaines de personnes vivant dans ce pays de l’UE depuis plusieurs décennies et ne parlant pas letton étaient concernées par ces expulsions. À l’avenir, toute personne qui ne pourra pas faire valoir ses connaissances en letton lors d’un examen devra quitter le pays avaient d’ailleurs indiqué les autorités. Jusqu’à 3000 personnes étaient concernées par cette mesure. Depuis lors les populations russophones de ce pays qui partage près de 300 km avec son voisin russe, ne cachent pas leur mal être et se considèrent comme des citoyens de seconde zone, selon plusieurs témoignages recueillis par certains médias suisses.

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