François Fillon échappe au bracelet électronique: la cour d’appel de Paris a réduit mardi la peine de l’ancien Premier ministre à quatre ans de prison avec sursis pour les emplois fictifs de son épouse Penelope, une affaire dans laquelle il a été définitivement reconnu coupable.
L’ex-locataire de Matignon, 71 ans, absent du délibéré, s’est aussi vu infliger 375.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité, plus de huit ans après l’explosion du « Penelopegate » en pleine campagne présidentielle, où il était candidat de la droite et du centre.
Lors d’une audience uniquement consacrée aux sanctions le concernant, le 29 avril, l’avocat général a requis quatre ans d’emprisonnement avec sursis, 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Des réquisitions identiques à la peine prononcée le 9 mai 2022, par d’autres magistrats de la cour d’appel de Paris – à l’exception de l’année de prison ferme dont il avait alors écopé.
Mais l’ex-Premier ministre n’a été fixé sur sa peine que ce mardi, car la Cour de cassation avait estimé en 2024 que cette peine de prison ferme n’avait pas été suffisamment motivée. Elle avait donc réclamé un nouveau procès.
Le reste des dommages et intérêts – au total, 800.000 euros solidairement entre l’ex-Premier ministre, son épouse et l’ancien suppléant de M. Fillon – sont définitifs et, via un échéancier de remboursement avec l’Assemblée nationale, François Fillon a commencé à « rendre l’argent », comme le réclamait le slogan devenu populaire pendant la campagne 2017.
À la barre, François Fillon avait parlé d’une « blessure morale » concernant la peine d’inéligibilité, bien qu’il dise ne nourrir aucun projet de retour en politique et se consacrer à son activité de conseil.
Les peines de la femme et de l’ancien suppléant de François Fillon étaient elles déjà définitives: deux ans de prison avec sursis, 375.000 euros d’amende pour Penelope Fillon; trois ans de prison pour Marc Joulaud, avec des peines d’inéligibilité respectives de deux et cinq ans.
Questionné sur la réaction de l’ancien Premier ministre qu’il a informé par téléphone, Me Lévy a déclaré: « Je crois qu’il y a une forme de lassitude, depuis bien longtemps, avec tous les rebondissements de cette affaire, et naturellement une forme de soulagement de savoir que le bracelet ne sera pas appliqué, mais surtout que cette affaire arrive à son terme. »
L’affaire avait éclaté en janvier 2017 avec les révélations de l’hebdomadaire Le Canard enchaîné sur l’emploi fictif de Mme Fillon. Lancés sur la piste des emplois de Mme Fillon, les enquêteurs ont interrogé de nombreux témoins, du jardinier aux journalistes locaux en passant par d’anciens collaborateurs et des préfets en poste à l’époque, sans guère trouver de témoignages établissant la réalité du travail de l’épouse.
Ces révélations avaient fait voler en éclats la candidature de celui qui s’était longtemps posé en héraut de l’intégrité. Il avait été éliminé en 2017 au premier tour de la présidentielle, arrivant en troisième position avec 20,01% des voix, une situation inédite pour un candidat de droite sous la Ve République.