Au Cameroun, un haut cadre du RDPC, le ministre d’État, Jacques Fame Ndongo, a vivement réagi à une lettre ouverte signée par huit personnalités originaires du Sud, la région natale du président Paul Biya. Ces derniers appellent à une alternance à la tête du pays, à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025.
Huit personnalités de la région d’origine du président de Paul Biya, ont appelé à l’alternance à la tête du Cameroun, dans une lettre ouverte. En réponse, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur et ministre d’État, lui-même originaire du Sud-Cameroun, a publié un texte renouvelant son soutien indéfectible au président au pouvoir depuis 43 ans.
« Le Sud n’accepte pas cette tentative de parricide politique », titre Jacques Fame Ndongo. Dans sa communication, le ministre qualifie les signataires de la lettre ouverte d’« organisation groupusculaire aussi sectaire que grégaire ».
Jacques Fame Ndongo affirme que, « Quoique natif du Sud, le chef de l’État est un homme-Nation ». « Sa région ou sa tribu », écrit-il, « c’est le Cameroun ». Il revient sur un discours de campagne de 1991 prononcé par Yaoundé par de Paul Biya, et en reprend les mots sous forme d’interrogation : « Beaucoup parlent de changement, mais pour changer quoi ? (…) Veut-on changer l’homme par qui le changement est venu ? » Et encore : « Le peuple n’est pas dupe, il sait bien distinguer la vanité de la vérité ».
Jacques Fame Ndongo affirme que nul ne peut démontrer « scientifiquement » qu’aucune route n’a été bitumée, aucun hôpital, aucun lycée construit en quatre décennies. « Beaucoup a été fait par le chef de l’État », écrit-il, « beaucoup reste à faire, avec lui ».
Paul Biya ne s’est pas encore lui-même déclaré candidat pour un huitième mandat en octobre. Mais selon les textes du RDPC, dont Jacques Fame Ndongo est un pilier, le président du parti est automatiquement son candidat à la présidentielle.
Les signataires de la lettre, au nombre de huit, sont pour l’essentiel des universitaires, des hommes et des femmes tous issus de la région du Sud Cameroun Dans cette région présentée comme un bastion imprenable du président Paul Biya, ce dernier a toujours fait le plein de voix, avec des scores de 100%.
La lettre de quatre pages est adressée aux populations de la région. Elle dresse un bilan sans concession des réalisations du pouvoir du président Paul Biya au bénéfice des siens. Et tout y passe : l’état des routes jugé désastreux, les localités sans électricité, le chômage des jeunes diplômés avant d’aboutir à la conclusion d’un « désespoir généralisé ».
Les signataires expriment aussi un ressenti plus personnel sur le président Paul Biya qui n’aurait, envers les siens, « entretenu qu’une relation » faite de « condescendance et distance ». « Qui se souvient d’un seul meeting tenu par Paul Biya dans une quelconque localité du Sud ? », interrogent-ils.
Conséquence : les auteurs appellent les électeurs et électrices du Sud à saisir l’opportunité de la présidentielle d’octobre 2025 pour se libérer « de la servitude d’un pouvoir qui les prend en otage », écrivent-ils. Ils appellent ouvertement à l’avènement d’un nouveau pouvoir.
La lettre, parue depuis quarante-huit heures, a eu un petit effet « sismique » dans cette région du Sud que l’on sait traditionnellement acquise au président Paul Biya. Elle fait également le bonheur de l’opposition qui l’a reprise à son propre compte.