Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian en Turquie pour une visite « historique »

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a rencontré vendredi, à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan. Selon le bureau du chef de l’État turc, les discussions entre les deux hommes ont porté sur les négociations de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les efforts de normalisation des liens avec Ankara, mais aussi le conflit entre Israël et l’Iran.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, arrivé en Turquie pour une très rare visite, s’est entretenu vendredi 20 juin avec le président Recep Tayyip Erdogan à Istanbul, a annoncé la présidence turque.

Le bureau de Recep Tayyip Erdogan a précisé que les deux hommes ont discuté pendant plus d’une heure des négociations de paix entre l’Armanie et l’Azerbaïdjan , des efforts de normalisation des liens avec la Turquie et du conflit entre Israël et l’Iran qui partage une frontière avec la Turquie et l’Armanie.

La Turquie soutiendra les efforts de paix de l’Arménie avec l’Azerbaïdjan, a indiqué le bureau d’Erdogan à l’issue de cette visite bilatérale exceptionnelle. Les deux dirigeants ont également abordé la récente flambée de tensions entre Israël et l’Iran, pays voisin à la fois de la Turquie et de l’Arménie.

“Le président Erdogan a souligné l’importance du consensus atteint dans les négociations de paix en cours entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, compte tenu du contexte actuel”, a déclaré son bureau, ajoutant que la Turquie continuerait de “soutenir pleinement les efforts visant à développer la région dans une logique de gagnant-gagnant”.

Ils ont également discuté des “étapes potentielles à franchir dans le cadre du processus de normalisation entre la Turquie et l’Arménie”, a-t-on précisé.

Erdogan a, par ailleurs, affirmé à Pachinian que la Turquie mettait en œuvre “tous les moyens diplomatiques pour assurer la stabilité, non seulement dans le Caucase, mais dans l’ensemble de la région”, s’engageant auprès d’autres dirigeants pour “éviter les risques” liés à l’escalade entre l’Iran et Israël.

Pachinian salue les discussions avec Erdogan

Dans un message publié sur « X »(ex-Twitter), Nikol Pachinian a fait état d’un “échange approfondi” avec Erdogan, au cours duquel ils ont “discuté du processus de normalisation entre l’Arménie et la Turquie, des développements régionaux et de l’importance d’un dialogue soutenu”.

Il a assuré au président turc que l’Arménie était “engagée à construire la paix et la stabilité dans notre région.

La réunion a également porté sur les mesures qui pourraient être prises dans le cadre du processus de normalisation entre la Turquie et l’Arménie », a-t-il ajouté sans donner plus de détails.

Selon le communiqué officiel arménien sur les pourparlers, M. Pashinian « a souligné l’engagement de l’Arménie à poursuivre sa politique de normalisation des relations avec ses voisins ». Les deux dirigeants ont discuté du « processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » et du projet « Carrefour de la paix » d’Erevan, qui prévoit la mise en place de liaisons de transport conventionnelles entre les deux États du Caucase du Sud.

L’Azerbaïdjan a rejeté ce projet, exigeant que l’Arménie ouvre à la place un corridor terrestre extraterritorial vers son enclave du Nakhitchevan, passant par le Syunik, la seule région arménienne limitrophe de l’Iran. M. Erdogan a soutenu à plusieurs reprises cette demande rejetée jusqu’à présent par Erevan. Il a également clairement indiqué que la normalisation des relations turco-arméniennes dépendait d’un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan acceptable pour Bakou.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a implicitement menacé d’ouvrir un tel corridor par la force, ce qui a suscité de sévères avertissements de la part de l’Iran. La République islamique a déclaré qu’elle ne tolérerait aucune « emprise » sur sa frontière avec l’Arménie.

Les dirigeants de l’opposition arménienne et les experts craignent que l’Azerbaïdjan et la Turquie ne profitent d’un éventuel affaiblissement ou d’une déstabilisation de l’Iran pour attaquer le Syunik. Mercredi, Pashinian a rejeté ces avertissements, les qualifiant de « provocateurs » et « infondés »

Les détracteurs de Pashinian dans son pays affirment quant à eux que ses concessions importantes à Bakou et Ankara ne font qu’accroître les menaces qui pèsent sur la sécurité de l’Arménie. Ils ont exprimé leur inquiétude quant à son voyage en Turquie, estimant qu’il pourrait conduire à d’autres concessions de ce type.

Les déclarations officielles sur les entretiens entre Erdogan et Pashinian n’ont fait qu’une allusion indirecte au conflit israélo-iranien. Le bureau d’Erdogan a cité ses propos selon lesquels Ankara « poursuit ses engagements avec d’autres dirigeants afin d’éviter les risques posés par la spirale de violence déclenchée par les attaques israéliennes contre l’Iran ».
« Les interlocuteurs ont également abordé les événements régionaux et les orientations possibles de la coopération bilatérale dans ce contexte », a déclaré pour sa part le service de presse de Pashinian.

En 2023, Nikol Pachinian avait assisté à l’investiture de Recep Tayyip Erdogan à Ankara, son unique voyage en Turquie jusqu’à aujourd’hui, un an après la reprise des vols commerciaux entre les deux pays après une pause de deux ans.

Ce rapprochement souhaité reste malgré tout incertain : un précédent accord de 2009 visant à ouvrir la frontière n’a jamais été ratifié par l’Arménie, avant d’être abandonné en 2018.

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