Après les revers infligés à l’Iran par Israël et les États-Unis d’Amérique lors de « la guerre des 12 jours », au Liban, les pressions internes se sont accentuées sur le Hezbollah pour qu’il rende ses armes. Des voix s’élèvent de plus en plus pour exiger du parti chiite pro-iranien qu’il remette son arsenal aux autorités libanaises
Au Liban des pressions internes se multiplient appelant le Hezbollah à rendre ses armes. Dernier en date à réclamer le désarmement du Hezbollah, l’ancien ministre et député Walid Joumblatt, qui avait pourtant une position nuancée sur la question.
Le discours du leader druze a sensiblement évolué et il défend désormais « le monopole de l’État sur les armes », appelant le parti chiite pro-iranien à remettre son arsenal aux autorités officielles. Walid Joumblatt s’est dissocié de la position du Hezbollah qui lie son désarmement au retrait israélien du Liban.
Le chef politique de la communauté druze a estimé jeudi 26 juin que « la présence des armes aux mains du Hezbollah n’aura aucun impact sur le départ des troupes israéliennes » des territoires libanais qu’elle occupe depuis la fin de la guerre, le 27 novembre dernier.
Le Hezbollah a remis à l’armée libanaise son arsenal et plus de 500 positions militaires au sud du fleuve Litani. Mais les États-Unis d’Amérique exigent le désarmement total du parti chiite.
Le PSP a remis ses armes à l’Etat
Pour montrer le bon exemple, Walid Joumblatt a révélé qu’il avait personnellement informé le président Joseph Aoun de l’emplacement d’un dépôt d’armes légères et moyennes appartenant à ses partisans. Il a précisé que les services de sécurité ont saisi l’arsenal dans son fief de Moukhtara, à 50 kilomètres du sud-est de Beyrouth.
Lors d’une conférence de presse, M. Joumblatt a déclaré avoir « informé le président Joseph Aoun que des armes se trouvaient dans un certain endroit à Moukhtara et demandé aux agences compétentes de s’en occuper ». Il a noté que « les armes avaient été acheminées vers Moukhtara après les événements du 7 mai 2008, suite aux tensions entre le Hezbollah et le PSP », lorsque des miliciens du parti chiite et de ses alliés avaient occupé des quartiers de Beyrouth afin de s’opposer à des appels visant à mettre un terme au réseau de télécoms parallèle géré par la formation pro-iranienne dans le pays.
L’ancien chef du PSP a assuré avoir « œuvré pour centraliser ces armes, légères et moyennes, qui ont été remises à l’État et qu’aujourd’hui une nouvelle page s’ouvre au Moyen-Orient ». « Les armes devraient être entre les mains de l’État. Si un parti libanais ou des partis non libanais possèdent des armes, j’espère qu’elles seront remises de la manière appropriée », a-t-il plaidé.
Walid Joumblatt né le 7 août 1949 dans le district du Chouf, est le principal chef politique héréditaire de la communauté druze du Liban et aussi une personnalité influente de la communauté druze du Proche-Orient.
Il est l’héritier d’une grande famille aristocratique druze. Les Joumblatt ont joué un rôle important dans l’histoire de cette communauté depuis le XVIIe siècle et surtout le XIXe siècle. Surnommé affectueusement « Walid Bey » par ses partisans, il réside alternativement à Moukhtara, demeure traditionnelle des Joumblatt, et à Beyrouth. Fin connaisseur de la région et adepte de phrases chocs, son emprise incontestée sur la communauté druze après l’exil forcé de cheikh Farid Hamadé, lui permet de changer sa position et ses alliances et de rester en phase avec les retournements régionaux afin de préserver les intérêts de sa communauté et ses propres intérêts.
Son principal adversaire dans la communauté druze à une certaine époque est Farid Hamadé. Après l’alliance de Joumblatt avec les forces syriennes, Farid Hamadé a regagné l’exil sous les pressions syriennes.
En 1989, il accepte les accords de Taëf. Le PSP dépose les armes et Walid Joumblatt rejoint le gouvernement. Au gré des différentes alliances, il est régulièrement réélu député dans son fief du Chouf et devient titulaire du ministère des déplacés à plusieurs reprises. Il fait partie de tous les gouvernements jusqu’en 1998.