Rapport accablant de la Cour des comptes : la gestion d’Anne Hidalgo à Paris sous le feu des critiques

La maire de Paris, Anne Hidalgo, fait face à une vague de critiques sur sa gestion municipale. Après la polémique sur ses notes de frais et ses voyages à l’étranger, c’est désormais un rapport sévère de la chambre régionale des comptes qui met en lumière la dégradation des finances de la capitale.(Avec Le Point).

Des révélations embarrassantes avant le rapport

Tout a commencé par la publication de notes de frais obtenues par l’association Transparence citoyenne après de longs mois de démarches. Ces documents ont révélé des achats étonnants, comme plusieurs jeans de tailles différentes achetés le même jour dans le même magasin, ainsi qu’une multitude de voyages à l’étranger, souvent en avion, alors même que la maire se présente comme une figure de la lutte contre le réchauffement climatique.

Cette polémique a été suivie, mercredi, de la publication du rapport de la chambre régionale des comptes, qui enfonce le clou sur la gestion financière de l’Hôtel de Ville.

Des finances municipales sous tension

Les magistrats ont passé au crible la période 2021-2024, marquée par de nombreux chocs économiques : pandémie de Covid-19, crise de l’immobilier, inflation, guerre en Ukraine et contraintes budgétaires imposées aux collectivités locales.

Le constat est sans appel : les dépenses de fonctionnement ont bondi de 13 %, tandis que les recettes n’ont progressé que de 11,6 %. Résultat, l’épargne de gestion – la capacité de la Ville à autofinancer ses projets – s’est effondrée, chutant de 760 millions d’euros en 2023 à seulement 268,7 millions en 2024.

Même la hausse historique de 51,8 % de la taxe foncière, décidée en 2023, n’a pas suffi à rétablir l’équilibre. Les magistrats soulignent que les charges salariales continuent d’augmenter, bien que la masse salariale globale (environ 50 000 agents municipaux) reste maîtrisée.

Une dette qui s’envole

Anne Hidalgo a choisi de maintenir une politique d’investissement jugée « ambitieuse », avec en moyenne 1,6 milliard d’euros investis chaque année entre 2021 et 2024, principalement pour développer le logement social et financer la transition écologique.

Mais ces investissements se sont faits au prix d’un recours massif à l’emprunt. La dette de Paris atteint désormais 8,6 milliards d’euros (9,3 milliards en incluant le court terme), soit plus du double du niveau observé il y a dix ans (4,18 milliards).

Selon la Cour des comptes, la capitale dépasse désormais les « ratios prudentiels » recommandés pour une collectivité locale, plaçant ses finances dans une situation jugée « périlleuse ».

Des recommandations fermes

Les magistrats de la Rue Cambon ne se contentent pas de dresser un constat. Ils appellent à des réformes urgentes et identifient des « marges de manœuvre » dans plusieurs domaines :
• la masse salariale, où des optimisations seraient possibles,
• les subventions, très critiquées par l’opposition municipale,
• les services non essentiels pour les Parisiens, comme les dépenses de communication, particulièrement visées dans le rapport.

Ils recommandent à la Ville d’élaborer une véritable stratégie, combinant meilleure optimisation des recettes et maîtrise stricte des dépenses, afin de retrouver des marges financières.

La riposte d’Anne Hidalgo

Anne Hidalgo n’a pas tardé à réagir. Elle dénonce un rapport comportant « de très nombreuses erreurs factuelles, contresens et omissions », malgré les corrections envoyées par ses services. Elle évoque également un calendrier « précipité », laissant entendre que la publication juste avant la campagne municipale n’est pas anodine.

L’équipe municipale rappelle également que Paris est régulièrement mise à contribution par l’État, ce qui grève ses finances : en 2025, 275 millions d’euros ont été transférés des caisses de la Ville vers celles du gouvernement.

Un rapport aux conséquences politiques

Cette publication intervient dans un contexte délicat pour la majorité municipale, alors qu’Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo jusqu’à mi-2024, est candidat pour lui succéder. L’opposition parisienne ne manque pas de s’emparer de ce rapport pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « gestion irresponsable » et réclamer un changement de cap.

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