L’un des plus important narcotrafiquants d’Europe en fuite devenu figure publique en Afrique de l’Ouest
Jos Leijdekkers, 33 ans, mieux connu sous le surnom de « Bolle Jos » (littéralement « Jos le joufflu »), reste l’un des criminels les plus recherchés par Europol et par la justice des Pays-Bas et de Belgique. Chef présumé d’un réseau international de cocaïne, il aurait bâti une fortune de plusieurs dizaines de millions d’euros grâce à l’importation massive de drogue via le port d’Anvers.
Porté disparu depuis plusieurs mois, il a refait surface en février dernier… en Sierra Leone, où il vivrait désormais sous l’identité d’« Omar Sheriff », dans une luxueuse propriété. Selon plusieurs enquêtes journalistiques et témoignages de l’opposition sierra-léonaise, il bénéficierait de protections politiques et de complicités au sein de la police.
Un lien familial explosif avec le président Julius Maada Bio
Vendredi 26 septembre, le quotidien néerlandais De Telegraaf, citant des sources médiatiques locales et l’opposant Mohamed Mansaray, a révélé un nouveau rebondissement : la fille du président sierra-léonais Julius Maada Bio, Agnes Bio, aurait donné naissance à un enfant dont le père serait Jos Leijdekkers.
Ce lien familial présumé renforce les soupçons de protection de haut niveau dont il bénéficierait dans le pays. Déjà en février, des vidéos publiées sur Facebook par la Première Dame montraient le fugitif assistant à une messe du Nouvel An, assis aux côtés d’Agnes Bio. En mars, d’autres images l’ont montré en train d’offrir des cadeaux lors d’une fête privée réunissant des personnalités influentes.
Un casier judiciaire lourd et des condamnations en cascade
Jos Leijdekkers est impliqué dans plusieurs dossiers judiciaires aux Pays-Bas et en Belgique. L’an dernier, il a été condamné par contumace à 24 ans de prison aux Pays-Bas pour son rôle dans l’importation de plusieurs tonnes de cocaïne.
En Belgique, son nom est cité dans de nombreux procès liés au port d’Anvers. Le tribunal correctionnel d’Anvers vient d’ouvrir le procès “Hippix”, où le procureur a requis 12 ans de prison et 400.000 euros d’amende contre lui. La veille, le tribunal de Termonde l’a déjà condamné à 8 ans de prison et 24.000 euros d’amende pour importation de cocaïne et participation à une organisation criminelle.
La Sierra Leone au cœur de la “route africaine” de la cocaïne
L’affaire met en lumière le rôle croissant de la Sierra Leone et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest dans la “route africaine” de la cocaïne, un itinéraire stratégique pour les cartels visant l’Europe. La présence d’un criminel de la stature de « Bolle Jos » au cœur du pouvoir sierra-léonais soulève des questions sur la corruption et la capacité du pays à lutter contre le crime organisé.
Pour l’instant, malgré les appels à son arrestation lancés par l’inspecteur général de la police en mars dernier, Jos Leijdekkers demeure introuvable ou plutôt intouchable sur le sol sierra-léonais.