France – Présidentielle 2027 : Jordan Bardella à 30 %, trois candidats à égalité parfaite pour la deuxième place

Un sondage Cluster 17 pour Le Point révèle une fragmentation totale du paysage politique. Le centre s’efface, la gauche se divise, et le jeu n’a jamais été aussi ouvert.

L’élection présidentielle de 2027 s’annonce comme l’une des plus indécises de la Ve République. Selon l’enquête Cluster 17* réalisée les 30 septembre et 1er octobre auprès de 1 531 personnes, Jordan Bardella domine largement avec 30 % des intentions de vote, tandis que Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann et Édouard Philippe se retrouvent à égalité parfaite, à 15 % chacun.

Bruno Retailleau se maintient à 12 %, et Éric Zemmour stagne à 5,5 %. En fonction des configurations testées — avec ou sans Raphaël Glucksmann, Olivier Faure, Marine Tondelier ou Gabriel Attal — se dessinent pas moins de cinq hypothèses de second tour. Une situation inédite dans l’histoire récente du pays.

Hypothèse 1 : la triple égalité

Dans un scénario où Mélenchon, Glucksmann et Philippe sont tous en lice face à Jordan Bardella, les trois se retrouvent à égalité à 15 %, tandis que le candidat du RN culmine à 30 %. Retailleau obtient 12 %, Zemmour 5,5 %.
Ce scénario illustre la fragmentation du paysage politique français, où trois blocs — gauche, centre et droite traditionnelle — se neutralisent, laissant le RN dominer sans partage.

Hypothèse 2 : l’entrée de Gabriel Attal

Si Gabriel Attal remplace Édouard Philippe, le centre se tasse : le Premier ministre n’obtient que 12 %, tandis que Bruno Retailleau grimpe à 14 %. Marine Le Pen, candidate à la place de Bardella, atteint 30,5 %, quand Mélenchon et Glucksmann restent à 15 % chacun.
Zemmour reste stable à 5,5 %. Ce scénario confirme la faiblesse du macronisme résiduel, désormais marginalisé entre une gauche divisée et une droite radicalisée.

Hypothèse 3 : l’option écologiste

Avec Marine Tondelier à la place de Raphaël Glucksmann, les écologistes plafonnent à 7,5 %. Édouard Philippe en revanche bondit à 19,5 %, profitant d’un espace élargi au centre. Le score de Jean-Luc Mélenchon demeure inchangé à 15 %, Retailleau à 12,5 % et Zemmour à 5,5 %.
Jordan Bardella, toujours en tête, franchit la barre des 31 %. Ici, l’absence de Glucksmann ne profite pas à la gauche radicale, mais renforce clairement le centre.

Hypothèse 4 : le PS à l’épreuve

Si Olivier Faure prend la place de Glucksmann, le Parti socialiste retombe à 8 %. Édouard Philippe reste fort, à 19,5 %, confirmant sa capacité à capter une partie des déçus de Macron. Jean-Luc Mélenchon recule légèrement à 14 %, Bruno Retailleau atteint 13 %, Zemmour demeure à 5,5 %, et Bardella reste à 30 %.
Cette configuration souligne l’incapacité du PS, sans Glucksmann, à jouer les trouble-fêtes, et confirme la centralité du maire du Havre dans l’espace post-macroniste.

L’effritement du bloc central

Ces résultats font écho à une autre enquête Ifop-Fiducial pour Sud Radio et L’Opinion, publiée le 30 septembre, qui plaçait déjà le RN en tête dans tous les scénarios, avec des scores entre 33 % et 35 %, soit jusqu’à 20 points d’avance sur ses concurrents.

L’étude soulignait également le net affaiblissement du bloc central hérité du macronisme :
• Édouard Philippe oscillait entre 16 % et 19 %,
• Gabriel Attal chutait à 10 %,
• Gérald Darmanin et François Bayrou plafonnaient respectivement à 7 % et 3 %.

Cette érosion du centre traduit la difficulté à mobiliser l’électorat d’Emmanuel Macron, désormais dispersé entre plusieurs pôles.

Une recomposition en cours

Côté gauche, Raphaël Glucksmann confirme sa dynamique avec 14 à 16 % selon l’Ifop, tandis que Jean-Luc Mélenchon consolide son socle à 12-13 %. Ces chiffres valident l’émergence d’une gauche sociale-démocrate concurrente de l’insoumission.

La comparaison des deux études dessine une tendance lourde :
• domination structurelle du RN,
• effacement du macronisme,
• tripartition du champ politique entre une gauche éclatée, un centre fragile et une droite nationaliste hégémonique.

À moins de deux ans du scrutin, le paysage présidentiel français apparaît plus incertain que jamais — mais une constante demeure : le RN sera au second tour.

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