Procès Jubillar : rebondissement après la révélation des avocats de Cédric — le téléphone de l’amant aurait activé une antenne près du domicile du couple

Un nouveau coup de théâtre est venu secouer le procès de Cédric Jubillar, lundi 6 octobre, à la cour d’assises du Tarn. Les avocats de l’accusé ont affirmé que le téléphone de l’amant de Delphine Aussaguel, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, aurait activé une antenne-relais située à proximité du domicile du couple. Une donnée présente dans le dossier d’instruction, mais absente de l’enquête, suscitant de vifs débats à l’audience.

Une trace téléphonique troublante révélée par la défense

Lors du passage à la barre de M. Jean, l’amant de l’infirmière, les avocats de Cédric Jubillar, Me Alexandre Martin et Me Emmanuelle Franck, ont révélé qu’une connexion internet issue de sa ligne téléphonique avait été détectée dans la zone de Cagnac-les-Mines au moment crucial, entre 22 h et 6 h du matin, la nuit de la disparition de Delphine.

« Ce n’est pas un coup de théâtre sorti de notre chapeau », a assuré Me Martin. Selon lui, l’étude des relevés de la cellule téléphonique couvrant le domicile du couple montre que le téléphone de M. Jean s’est connecté via l’antenne locale, également activée par plusieurs centaines d’autres appareils. Après tri des données, la ligne de l’amant apparaîtrait bien dans la liste restreinte conservée par les enquêteurs.

Une révélation d’autant plus dérangeante que l’amant avait affirmé n’avoir jamais été à Cagnac-les-Mines. Pour la défense, cette contradiction pourrait faire naître le doute dans l’esprit des jurés et ouvrir la porte à une autre piste que celle de Cédric Jubillar.

Un procès-verbal manquant au cœur de la polémique

Me Franck est allée plus loin en pointant une possible manipulation du dossier. Elle affirme qu’un procès-verbal, numéroté PV 129, mentionnant la ligne de M. Jean, aurait été retiré du dossier final.
« Même lorsqu’on supprime un document dans les logiciels de la gendarmerie, il en reste une trace », a-t-elle insisté, qualifiant ce retrait de « grossier ».

Pour la défense, cette omission intentionnelle remettrait en cause la fiabilité de l’enquête ayant conduit à la mise en accusation de Cédric Jubillar pour le meurtre de son épouse.

Les parties civiles rejettent les accusations

En début d’après-midi, les avocats des parties civiles ont vivement contesté les allégations de la défense.
Me Pressecq a réclamé que les enquêteurs soient réentendus ou qu’un expert indépendant soit désigné.
Me Akorri, pour sa part, a estimé qu’« on ne peut pas donner acte de quelque chose qu’on ne peut pas constater ».

De son côté, Me Boguet a rappelé que les relevés téléphoniques montraient que la ligne de M. Jean bornait chez lui, dans le Tarn-et-Garonne, au moment des derniers échanges avec Delphine, et que les relais activés par la suite correspondaient à cette zone.
Selon lui, la mention d’une absence de relais à Cagnac-les-Mines s’explique simplement : le téléphone de l’amant était connecté au Wi-Fi de son domicile pendant toute la nuit.

« On essaie d’utiliser des non-dits pour créer des scandales », a renchéri Me Laurent de Caunes, représentant les frères et sœurs de la disparue.

Vers une audition supplémentaire ?

L’hypothèse d’une implication de l’amant dans la disparition de Delphine Aussaguel ne permettrait pas d’expliquer certains éléments matériels, notamment le déverrouillage du téléphone de l’infirmière à 6 h 52, alors que M. Jean se trouvait déjà à son travail, à plus de 80 km de là.

Malgré les divergences, défense et avocats généraux ont convenu qu’il serait “opportun” d’entendre le gendarme ayant rédigé la liste des numéros identifiés par l’antenne, et de tenter de retrouver le procès-verbal manquant.
Me Martin a toutefois précisé qu’il souhaitait que cette vérification soit menée « par une tierce personne », déclarant ne plus faire confiance aux gendarmes.

Plusieurs avocats des parties civiles ont regretté que la défense n’ait pas communiqué ses conclusions à l’avance, empêchant un débat complet sur ce point technique.

L’avocat général a finalement estimé que ces révélations relevaient d’interprétations de la défense, sans valeur probante à ce stade.
La cour a mis l’incident en délibéré, laissant planer un nouveau suspense sur ce procès déjà riche en rebondissements.

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