Les bureaux de vote ont fermé dimanche 12 octobre pour l’élection présidentielle au Cameroun, marquant la fin d’une journée électorale décisive pour l’avenir du pays. Paul Biya, 92 ans, plus vieux chef d’État et dictateur, par la même occasion, en exercice au monde, brigue un huitième mandat après quarante-trois ans de pouvoir sans partage.
Selon Jean-Alain Andzongo Bikele, représentant de la commission électorale (ELECAM), « le vote s’est passé dans le calme et dans la sérénité » à Yaoundé, avant le début du dépouillement. Une atmosphère globalement apaisée a été observée dans plusieurs régions, malgré un contexte politique tendu et les craintes d’incidents dans certaines zones sensibles.
Une élection sous le signe de la continuité
La plupart des huit millions d’électeurs inscrits n’ont connu qu’un seul président : Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Depuis deux décennies, il a toujours remporté la présidentielle avec plus de 70 % des voix (ce qui est logique pour un dictateur qui ne permet que des parodies d’élections démocratique). Face à lui cette année, onze candidats tentaient de faire entendre une voix alternative, mais l’opposition, divisée, n’a pas réussi à s’unir derrière une candidature commune.
Vendredi, le gouvernement a rappelé qu’aucun résultat ne pouvait être proclamé avant l’annonce officielle du Conseil constitutionnel. Cette mise en garde visait notamment certains candidats, dont Issa Tchiroma Bakary, accusés de vouloir publier des résultats parallèles.
Une forte mobilisation et une surveillance accrue
Le ministère de l’Administration territoriale a autorisé près de 55 000 observateurs électoraux, locaux et internationaux, parmi lesquels des représentants de l’Union africaine. Plusieurs organisations de la société civile ont également mis en place leurs propres plateformes de compilation des résultats, afin de « protéger le vote ». Le gouvernement, de son côté, dénonce une initiative risquant selon lui de « manipuler l’opinion publique ».
À Garoua, dans l’Extrême-Nord, les candidats Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary ont accompli leur devoir civique, selon la télévision nationale CRTV. À Yaoundé, l’affluence a commencé à augmenter à la mi-journée, témoignant d’un regain d’intérêt pour le scrutin.
Des zones de tension persistent
Le vote s’est néanmoins déroulé dans un climat de méfiance dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les affrontements entre groupes séparatistes et forces gouvernementales se poursuivent. Lors du précédent scrutin de 2018, l’abstention y avait atteint des niveaux records, en raison de l’insécurité et des déplacements massifs de populations.
L’attente des résultats
Le Conseil constitutionnel dispose désormais jusqu’au 26 octobre pour proclamer les résultats définitifs. En 2018, ils avaient été annoncés quinze jours après le scrutin, confirmant la réélection de Paul Biya.
En attendant, le Cameroun retient son souffle, partagé entre espoir de changement et sentiment de continuité, alors que s’ouvre une nouvelle page de son histoire politique.