Près de 80 000 manifestants ont défilé ce mardi dans les rues de Bruxelles pour dénoncer les politiques d’austérité du gouvernement fédéral dirigé par le Premier ministre Bart De Wever. Une grève nationale, organisée par les principaux syndicats belges en front commun, a paralysé une grande partie de la capitale, illustrant le profond mécontentement social face aux réformes budgétaires engagées pour ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB.
Une mobilisation d’ampleur nationale
Selon la police bruxelloise, la manifestation a rassemblé près de 80 000 personnes à la mi-journée, un chiffre supérieur aux attentes syndicales. Dans les cortèges, les slogans dénonçaient la hausse de l’âge de la retraite, la réduction des allocations de chômage et la flambée des coûts de scolarité, autant de mesures jugées injustes et antisociales.
Fait notable : de nombreux manifestants flamands ont rejoint la mobilisation, rompant avec l’idée d’une contestation portée essentiellement par la Belgique francophone.
« En fait, ils prétendent être très forts en économie. Mais l’économie est en train de se casser la gueule. Ils sont en train de tuer la consommation intérieure en étouffant les gens », dénonce Cédric, enseignant en province du Luxembourg.
“L’humain trinque toujours”
Sur le stand du Parti des travailleurs de Belgique (PTB), son président Raoul Hedebauw a vivement critiqué la politique du gouvernement fédéral, dénonçant un “choix de classe” au profit des grandes entreprises.
Une opinion partagée par Nadia, employée dans les ressources humaines depuis vingt-cinq ans :
« C’est graduel, ça va passer à 66 et 67 ans. Et pour moi qui ai presque 50 ans, ce sera peut-être à septante quand j’y arriverai. Mais je suis contente de voir qu’il y a énormément de jeunes aussi qui commencent à se battre. »
Pour Robert, chef d’entreprise à Bruxelles, cette crise dépasse les frontières nationales :
« On est passé à des économies drastiques. C’est toujours la même chose : c’est l’humain qui trinque. Ce n’est pas un mouvement unique à la Belgique, c’est une tendance générale en Europe. J’espère que le climat de mobilisation restera fort et conscient. »
Un avertissement au gouvernement De Wever
La mobilisation de ce 14 octobre intervient dans un contexte de tensions sociales croissantes, alimentées par l’inflation et la stagnation des salaires réels.
Le gouvernement de Bart De Wever, à la tête d’une coalition inédite mêlant nationalistes flamands, libéraux et sociaux-démocrates de Vooruit, s’est engagé à réduire le déficit public, mais au prix de coupes budgétaires importantes dans les dépenses sociales.
Les syndicats, eux, promettent de maintenir la pression et de prolonger le mouvement initié en 2024.
« L’espoir, c’est que cette mobilisation continue de plus belle, tant que les travailleurs ne seront pas entendus », résume un syndicaliste de la FGTB.
Entre inquiétudes économiques et colère sociale, la Belgique semble renouer avec une tradition de mobilisation massive, faisant de cette journée du 14 octobre une étape clé dans la contestation des politiques d’austérité européennes.