Sierra Leone : l’arrestation d’un narcotrafiquant turc avec un passeport diplomatique embarrasse le gouvernement

Un nouveau scandale diplomatique secoue la Sierra Leone. L’arrestation d’un narcotrafiquant turc en possession d’un passeport diplomatique sierra-léonais relance les soupçons d’un vaste réseau de corruption et de détournement de documents officiels au sein de l’administration. Une affaire qui met dans l’embarras le gouvernement du président Julius Maada Bio, déjà confronté à plusieurs controverses similaires.

Un trafiquant turc avec un passeport sierra-léonais

Selon plusieurs médias, Abdullah Alp Üstün, alias « Don Vito », un trafiquant de drogue turc récemment extradé de Dubaï vers la Turquie, a été interpellé avec un passeport diplomatique émis par la Sierra Leone. D’après la presse turque, il aurait obtenu ce document grâce à l’aide du Néerlandais Jos Leijdekkers, considéré comme l’un des narcotrafiquants les plus recherchés d’Europe.

Cette révélation embarrasse particulièrement les autorités sierra-léonaises, d’autant que Jos Leijdekkers avait déjà été aperçu en début d’année à Freetown, filmé en compagnie de hauts responsables gouvernementaux lors d’une fête privée.

Des “investisseurs” pas comme les autres

Un journaliste d’investigation sierra-léonais affirme que plusieurs trafiquants se feraient passer pour des investisseurs étrangers afin d’obtenir la confiance des autorités dans le cadre du programme d’attraction des investissements lancé par le gouvernement. Ces individus utiliseraient ensuite ces liens pour acquérir illégalement des passeports diplomatiques, facilitant leurs déplacements à l’international sans contrôle strict.

Un réseau de passeports diplomatiques détournés ?

Cette affaire ravive les soupçons de l’existence d’un réseau structuré de passeports diplomatiques vendus ou détournés à des fins criminelles, alors même que Freetown affirme mener une lutte déterminée contre le trafic de drogue et le fléau du “kush”, une drogue de synthèse qui ravage la jeunesse du pays.

« Comment des trafiquants peuvent-ils circuler librement alors que le pays est censé être en guerre contre le kush ? », s’interroge l’ONG Bfound, qui dénonce un système dévoyé au plus haut niveau de l’État.

Les doutes s’accentuent également en raison du limogeage, en mars dernier, du chef du service de l’immigration, filmé dans un restaurant de Freetown aux côtés de Jos Leijdekkers, lui offrant un cadeau d’anniversaire.

Une enquête interne ouverte

Face au tollé, le service d’immigration sierra-léonais a annoncé, lundi 13 octobre au soir, l’ouverture d’une enquête interne sur les conditions de délivrance du passeport diplomatique à Abdullah Alp Üstün. Les autorités ont également promis un audit élargi afin d’identifier d’éventuelles complicités et prévenir de nouveaux abus.

Si les accusations sont confirmées, ce scandale pourrait fragiliser davantage la crédibilité internationale de la Sierra Leone, déjà sous pression pour assainir son administration et renforcer la transparence dans ses institutions.

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