Le 24 octobre 2025, Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory Villemin, a été mise en examen pour « association de malfaiteurs criminelle » dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de l’enfant, retrouvé noyé pieds et mains liés dans la Vologne en 1984. Cette décision relance une enquête marquée par des décennies de controverses judiciaires et médiatiques.
Une mise en examen fondée sur des expertises controversées
Jacqueline Jacob est soupçonnée d’être l’un des « corbeaux » ayant menacé la famille Villemin pendant plusieurs années. Des expertises graphologiques et de stylométrie lui attribuent plusieurs courriers anonymes, dont une lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le meurtre et un appel téléphonique anonyme passé le même jour.
Ces analyses, qui restent controversées, sont contestées par la défense, qualifiant ces méthodes de « pseudo-expertises » et mettant en doute leur fiabilité. Selon le procureur général de Dijon, Philippe Astruc, ces éléments « interrogent légitimement sur la participation de Jacqueline Jacob » mais « ne suffisent pas à constituer des indices graves ou concordants » justifiant une condamnation.
Un contexte familial et historique complexe
La tragédie de Grégory Villemin a révélé une profonde animosité entre les familles Villemin et Jacob. Des tensions historiques et des jalousies ancestrales nourrissaient les conflits, et les lettres anonymes menaçantes reflétaient cette haine latente.
Depuis 1984, plusieurs membres des familles ont été mis en examen, dont Jacqueline et Marcel Jacob, et certaines mises en examen avaient été annulées pour vice de forme, soulignant les difficultés de la justice face à cette affaire.
Les réactions de la défense
Jacqueline Jacob a été entendue pendant plus d’une heure et demie à la cour d’appel de Dijon avant d’être mise en examen. Elle est ressortie libre, sans aucune mesure de coercition ni contrôle judiciaire. Ses avocats dénoncent une instrumentalisation de l’affaire et contestent le manque de nouveaux éléments dans le dossier, affirmant que « la justice n’apprend pas de ses erreurs ».
Analyse juridique et médiatique
Cette mise en examen relance plusieurs questions :
- Juridique : la prescription de certaines infractions pourrait limiter la portée des poursuites, alors que plus de quarante ans se sont écoulés depuis le meurtre.
- Médiatique et social : l’affaire Grégory illustre l’impact durable de la médiatisation sur les familles et sur la perception publique de la justice.
- Éthique et scientifique : l’utilisation de méthodes d’expertise encore discutées, comme la stylométrie, pose la question de l’équilibre entre progrès scientifique et fiabilité judiciaire.
Une affaire toujours non résolue
L’affaire Grégory demeure l’une des enquêtes les plus complexes de l’histoire judiciaire française. La mise en examen de Jacqueline Jacob relance le débat sur la capacité de la justice à traiter avec impartialité les affaires anciennes et médiatisées, tout en respectant les droits individuels.
Plus de quarante ans après la tragédie, la France se confronte à une question persistante : comment rendre justice lorsque le temps, la médiatisation et les incertitudes scientifiques pèsent sur la vérité ?
Celine Dou