Le ton monte une nouvelle fois entre Caracas et Washington. Dimanche, le gouvernement vénézuélien a annoncé l’arrestation de plusieurs « mercenaires liés à la CIA », tout en dénonçant la tenue d’exercices militaires américains à Trinité-et-Tobago, présentés comme une « provocation » et une « menace directe à la paix dans les Caraïbes ».
Une région en alerte après le déploiement américain
La visite du navire de guerre USS Gravely et de troupes américaines dans l’archipel voisin a ravivé les tensions dans la région. Selon Caracas, ces manœuvres, coordonnées avec le Commandement Sud des États-Unis, s’inscrivent dans un plan de déstabilisation contre le Venezuela.
« Le Venezuela dénonce une provocation militaire de Trinité-et-Tobago en coordination avec la CIA pour provoquer une guerre dans les Caraïbes », a affirmé le gouvernement dans un communiqué officiel.
L’armée vénézuélienne a été placée en état d’alerte après que les autorités ont affirmé avoir intercepté un groupe de mercenaires en possession d’informations fournies par la CIA. D’après le ministère de la Défense, ces individus auraient planifié une attaque sous faux drapeau destinée à créer un prétexte à une confrontation militaire ouverte.
Washington renforce sa présence militaire
Depuis plusieurs semaines, les États-Unis ont renforcé leur présence navale dans les Caraïbes et le golfe du Mexique. Officiellement, cette opération vise à lutter contre le narcotrafic et à contrer les réseaux criminels opérant dans la région.
Le président Donald Trump a toutefois reconnu avoir autorisé des opérations clandestines de la CIA au Venezuela, ce qui alimente la rhétorique de Caracas sur une possible tentative de déstabilisation.
Selon les chiffres communiqués par Washington, dix frappes aériennes ont été menées depuis septembre contre des embarcations suspectées de transporter de la drogue, faisant au moins 43 morts.
Maduro dénonce une « guerre inventée »
Le président Nicolás Maduro, régulièrement accusé de corruption et de violations des droits humains, rejette fermement les accusations américaines de narcotrafic.
« Les États-Unis inventent une guerre éternelle : ils ont promis de ne plus entrer en guerre, et maintenant ils en créent une que nous allons éviter », a-t-il déclaré vendredi.
Pour Maduro, ces opérations s’inscrivent dans une stratégie visant à renverser son gouvernement et à prendre le contrôle des vastes réserves pétrolières du pays.
Trinité-et-Tobago, nouvel allié de Washington
La Première ministre Kamla Persad-Bissessar, élue en mai 2025, est l’un des soutiens les plus fervents de Donald Trump dans la région. Son gouvernement a adopté une ligne dure contre Caracas, dénonçant l’immigration et la criminalité vénézuéliennes.
Situé à moins de dix kilomètres des côtes vénézuéliennes, l’archipel de Trinité-et-Tobago devient ainsi un point stratégique dans la tension croissante entre les deux pays.
Une armée vénézuélienne divisée
Face à cette situation, le pouvoir vénézuélien a activé le plan de défense « Indépendance 200 », une stratégie nationale déclinée en quatre phases : recrutement de miliciens civils, déploiement défensif, formation idéologique et, en dernier recours, lutte armée.
Mais ce dispositif ne fait pas l’unanimité au sein des forces armées. Le contramiral à la retraite Edgar Morillo n’a pas mâché ses mots :
« Des clowns, ce sont des clowns ! Ce plan de défense n’est qu’un spectacle de propagande destiné aux réseaux sociaux. »
Une tension durable en perspective
Entre accusations d’ingérence, arrestations de prétendus mercenaires et déploiements militaires américains, la situation dans les Caraïbes semble de plus en plus explosive.
Alors que Caracas parle d’un complot orchestré par la CIA, Washington justifie ses actions par la lutte contre le trafic de drogue.
Mais derrière ces discours, c’est un nouvel affrontement d’influence qui se joue dans une région où chaque manœuvre militaire ou arrestation peut désormais faire basculer l’équilibre fragile de la paix.