Au Mali, la population de Nioro du Sahel, dans le sud-ouest du pays, vit un véritable calvaire. Depuis près de deux mois, les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affiliés à al-Qaïda, imposent un sévère blocus à la ville, coupant ses habitants du reste du pays. Les approvisionnements en carburant sont interdits, les déplacements restreints, et les enlèvements se multiplient.
Une ville sous étouffement
Dans une vidéo diffusée le jeudi 23 octobre 2025 sur les réseaux sociaux — dont l’authenticité a été confirmée par RFI — des dizaines d’habitants, femmes et hommes séparés, apparaissent réunis autour d’un porte-parole, Sidi Dicko. D’une voix grave, il décrit la situation dramatique :
« Actuellement, il est impossible pour les habitants de Nioro de sortir de la ville sans se faire arrêter et enlever », explique-t-il.
Selon lui, une cinquantaine d’habitants de Nioro ont déjà été capturés par les jihadistes, sans que leurs proches sachent où ils se trouvent. « Nous avons tous un frère ou un fils qui a été enlevé », déplore-t-il, les larmes dans la voix.
Un blocus implacable
Depuis plusieurs semaines, le Jnim contrôle strictement les allées et venues autour de Nioro. Les véhicules sont fouillés, et les résidents de Nioro ou de Kayes sont systématiquement arrêtés, tandis que les voyageurs venus d’autres localités peuvent repartir. Les conséquences économiques sont désastreuses : les commerçants et artisans, pilier de l’économie locale, se retrouvent paralysés.
« Nous ne pouvons plus travailler, ni aller aux marchés. Nous demandons à ceux qui nous imposent ce blocus de nous laisser vivre et subvenir à nos besoins », implore Sidi Dicko.
Des blocus qui s’étendent
Nioro et Kayes ne sont pas des cas isolés. Le Jnim étend progressivement son contrôle dans plusieurs régions du Mali. Le jeudi 23 octobre, le groupe jihadiste a décrété un nouveau blocus à Léré, dans la région de Tombouctou, donnant trois jours aux habitants pour quitter la ville. Léré avait déjà subi un embargo similaire l’an dernier, levé après un accord local que les jihadistes accusent désormais les habitants d’avoir violé.
Le lendemain, vendredi 24 octobre 2025, le Jnim a revendiqué la prise d’un poste de la milice Gatia à l’entrée du village d’Intahaka, ainsi que l’attaque d’un poste militaire à Konna, dans la région de Mopti, au centre du pays.
Un appel à l’aide dans le silence
Face à ce siège silencieux, les habitants de Nioro du Sahel lancent un appel désespéré « à tous », implorant aussi bien les autorités maliennes de transition que la communauté internationale de leur venir en aide. Leur message, empreint de prudence pour éviter toute représaille, traduit la détresse d’une population abandonnée, prise en étau entre les jihadistes et l’inaction des forces de sécurité.
Alors que le Jnim continue de renforcer son emprise territoriale dans plusieurs zones du Mali, la situation humanitaire et sécuritaire de Nioro du Sahel devient chaque jour plus alarmante, symbole tragique d’un pays en proie à une guerre sans fin.