L’assaut mené par les forces de sécurité syriennes contre un camp de jihadistes français, dirigé par le Franco-Sénégalais Oumar Diaby, alias Omar Omsen, soulève de nombreuses interrogations. Tandis que ce dernier accuse la France d’avoir orchestré, en coulisse, l’opération, aucune preuve ne vient étayer ces affirmations. Les motivations de Damas semblent plutôt multiples, entre sécurité intérieure, règlement de comptes locaux et stratégie politique.
Des accusations sans fondement solide
Dans une vidéo diffusée après l’attaque du 22 octobre, Omar Omsen a affirmé que la France aurait « fait pression » sur le gouvernement syrien pour lancer cette offensive. Paris, de son côté, a rapidement réagi par la voix de sources diplomatiques, indiquant « suivre la situation avec attention » tout en précisant qu’il s’agissait d’une « opération relevant des prérogatives de sécurité intérieure du gouvernement de transition syrien ».
Une mise au point logique : la France n’a, en apparence, aucun intérêt à intervenir directement. Elle ne cherche ni à rapatrier ni à juger Omar Omsen et les jihadistes français présents sur place. L’opinion publique reste majoritairement hostile au retour de ces combattants, et leur extradition serait, de toute manière, impossible faute de relations diplomatiques formelles avec Damas.
Les calculs possibles du régime syrien
Selon plusieurs analystes, le président syrien Ahmad al-Charaa pourrait avoir agi de sa propre initiative. En lançant cette opération, il enverrait un signal de fermeté à l’égard des groupes jihadistes encore présents sur le territoire, tout en tentant de se repositionner comme un acteur fiable aux yeux des Occidentaux. Une manière, peut-être, de préparer d’éventuelles négociations ou coopérations futures en matière de renseignement.
Mais d’autres facteurs plus locaux pourraient expliquer cette attaque. À Idleb, Omar Omsen est depuis longtemps perçu comme un élément incontrôlable. Son refus de se soumettre à la charia telle qu’imposée par les autorités locales aurait provoqué des tensions croissantes avec les forces de sécurité.
Un jihadiste médiatique, mais affaibli
Omar Omsen conserve une certaine influence. Dernier prédicateur français encore actif sur le sol syrien, il continue à diffuser des vidéos en français et affirme attirer de nouveaux partisans. Toutefois, les services de renseignement français ont largement infiltré son réseau. Depuis plusieurs mois, toutes les tentatives de rejoindre son camp ont été déjouées.
Fin avril, un ex-militaire français avait été arrêté en Jordanie avant d’être extradé et mis en examen à Paris. En juillet, un jeune couple projetant de rejoindre Omsen a été interpellé à l’aéroport de Toulouse. Ces arrestations répétées témoignent du contrôle accru des services français sur les réseaux jihadistes.
Une figure marginalisée du jihad français
Aujourd’hui, Omar Omsen apparaît comme un survivant isolé. Son groupe est décrit par les spécialistes comme « restreint », disposant de « peu de revenus » et relégué « au second plan ». Depuis 2014, la plupart des émirs français de son niveau ont été éliminés par les frappes de la coalition internationale.
S’il demeure vivant, c’est sans doute parce qu’il n’appelle pas directement à frapper la France. Plus soucieux de son image que de stratégie militaire, Omsen est perçu comme un jihadiste charismatique mais inoffensif sur le plan opérationnel.
Une opération aux motivations multiples
Au final, les raisons de l’assaut syrien restent incertaines. Pressions étrangères, initiative sécuritaire locale ou tentative de redorer l’image du régime : plusieurs hypothèses coexistent sans qu’aucune ne s’impose. Ce qui est sûr, c’est qu’Omar Omsen, figure emblématique mais déclinante du jihad francophone, voit son influence se réduire encore un peu plus après cette attaque.