Le parquet de Paris a annoncé, samedi 8 novembre 2025, que le porte-parole du collectif Urgence Palestine, Omar Alsoumi, sera jugé le 6 mai 2026 pour apologie du terrorisme et refus de remise de la convention secrète de déchiffrement, c’est-à-dire le refus de communiquer un mot de passe ou une clé de chiffrement à la justice. En attendant son procès, il a été placé sous contrôle judiciaire.
Un procès annoncé dans un contexte politique sensible
Omar Alsoumi, cofondateur du collectif Urgence Palestine, a été présenté à un magistrat du parquet avant d’être convoqué pour cette audience prévue dans six mois.
Le collectif qu’il représente, créé au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, milite pour la défense des droits du peuple palestinien et contre les opérations israéliennes à Gaza.
En mai 2025, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait engagé une procédure de dissolution d’Urgence Palestine, accusant le groupe d’atteintes à l’ordre public et de proximité idéologique avec le Hamas. Toutefois, le décret de dissolution n’a jamais été publié, laissant le collectif continuer ses activités.
Deux signalements à l’origine de la procédure
Selon le parquet, la mise en cause d’Omar Alsoumi découle de deux signalements distincts.
Le premier, daté du 17 mars 2025 et transmis par le ministre de l’Intérieur, évoque des propos tenus lors d’une manifestation le 3 novembre 2024 au sujet du « déluge d’Al-Aqsa », l’opération menée par le Hamas le 7 octobre 2023.
Le second signalement, adressé par le préfet de police le 8 octobre 2025, dénonce des déclarations publiques faites lors d’un rassemblement le 4 octobre dernier, jugées susceptibles de relever de l’apologie du terrorisme.
L’accusé dénonce une « persécution politique »
À la sortie du tribunal, Omar Alsoumi a vivement réagi, dénonçant sur les réseaux sociaux ce qu’il qualifie de « persécution politique ».
Il a accusé les autorités françaises de vouloir « faire taire les voix solidaires du peuple palestinien », décrivant Israël comme « un régime génocidaire qui commet les pires crimes à Gaza ».
Son avocate, Me Elsa Marcel, a pris la parole devant plusieurs dizaines de manifestants venus le soutenir, affirmant que « cette procédure s’inscrit dans la continuité de l’acharnement à l’encontre des soutiens de la Palestine ».
Elle a également dénoncé « l’hypocrisie de l’État français, qui prétend reconnaître la Palestine tout en poursuivant ceux qui défendent sa cause ».
Une défense axée sur la liberté d’expression
Me Marcel a rappelé qu’Omar Alsoumi avait déjà été visé par une mesure de gel de ses avoirs à la fin du mois de mai 2025.
Elle entend plaider, lors du procès prévu en mai 2026, la liberté d’expression et la relaxe totale de son client.
Ce dossier, au croisement des libertés publiques, de la lutte contre l’apologie du terrorisme et du débat sur la cause palestinienne en France, s’annonce d’ores et déjà comme hautement sensible sur le plan politique et judiciaire.