Pakistan-Afghanistan : escalade meurtrière le long d’une frontière sous tension

Le Pakistan et l’Afghanistan se renvoient la responsabilité de frappes récentes ayant coûté la vie à dix civils, dont neuf enfants, dans des zones frontalières, ravivant des tensions anciennes entre les deux pays. Ces incidents interviennent dans un contexte de violences récurrentes et de suspicion mutuelle.

Que s’est-il passé ?

Selon Kaboul, dans la nuit de lundi à mardi, des frappes aériennes et de drones ont touché plusieurs régions frontalières, dont la province de Khost, faisant dix morts, dont neuf enfants, et plusieurs blessés. Des correspondants sur place ont observé des maisons détruites et des habitants préparer les funérailles des victimes. D’autres provinces, comme Kunar et Paktika, auraient également été touchées, faisant quatre blessés supplémentaires.

De son côté, Islamabad dément toute responsabilité. Le lieutenant général Ahmed Chaudhry a affirmé à la télévision d’État PTV que les frappes menées par l’armée pakistanaise « n’attaquent pas les civils » et que les accusations talibanes sont « sans fondement ».

Pourquoi ces frappes ont-elles eu lieu ?

Ces frappes font suite à un attentat-suicide contre le QG des forces de sécurité pakistanaises, survenu dans une province frontalière de l’Afghanistan. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais Islamabad avance que les assaillants étaient des « ressortissants afghans ».

Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série d’attaques récentes : le 11 novembre, un attentat à Islamabad avait fait 12 morts, revendiqué par une faction des talibans pakistanais (TTP), partageant la même idéologie que les talibans afghans. Islamabad accuse Kaboul d’avoir été impliqué dans la formation de certains assaillants, accusation rejetée par les autorités afghanes.

Depuis plusieurs mois, le Pakistan dénonce une résurgence d’attaques contre ses forces de sécurité et procède à des expulsions d’Afghans vivant illégalement sur son sol, alimentant un climat de tension.

État des relations entre les deux pays

Les relations entre l’Afghanistan et le Pakistan sont historiquement tendues, et la situation s’est aggravée depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021. En octobre, des affrontements frontaliers avaient déjà fait environ 70 morts, avant qu’une trêve informelle, négociée avec l’appui du Qatar et de la Turquie, ne soit instaurée.

Aujourd’hui, les talibans afghans promettent de « répondre de manière appropriée » aux frappes attribuées au Pakistan. Islamabad, pour sa part, accuse Kaboul « d’abriter » le TTP et d’autres groupes considérés comme terroristes. Kaboul réfute ces accusations, affirmant que certains groupes hostiles au régime taliban bénéficient aussi de l’appui de son voisin.

Ces tensions interviennent également dans un contexte géopolitique plus large : l’Afghanistan se rapproche de l’Inde, un rival historique du Pakistan, ce qui pourrait compliquer davantage les relations bilatérales. Les violences d’octobre avaient notamment éclaté alors que le chef de la diplomatie talibane se trouvait en visite à New Delhi.

En Conclusion

Les récents bombardements illustrent la fragilité de la frontière afghano-pakistanaise et la complexité des relations entre Kaboul et Islamabad. Entre accusations mutuelles, violences récurrentes et enjeux géopolitiques régionaux, le risque d’escalade reste élevé, laissant les populations civiles au centre d’une crise meurtrière.

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