Ingénieure de formation et militante engagée, Zahra Tabari, 67 ans, se trouve aujourd’hui au cœur d’une mobilisation internationale. Cette mère de famille iranienne risque la peine de mort, suscitant l’inquiétude de nombreuses organisations de défense des droits humains et l’indignation de plus de 400 personnalités féminines à travers le monde, qui réclament sa libération immédiate.
Une condamnation à mort dénoncée par la communauté internationale
Zahra Tabari a été condamnée à mort en octobre dernier, à l’issue d’un procès qualifié de « simulacre » par ses soutiens. Selon une lettre rendue publique mardi, la procédure aurait duré une dizaine de minutes, s’est tenue par visioconférence et sans la présence de son avocat. Les signataires estiment que ces conditions violent gravement les garanties d’un procès équitable.
La militante est incarcérée dans une prison iranienne et serait, selon ses défenseurs, en danger d’exécution imminente. Les autorités iraniennes n’ont pas confirmé publiquement sa condamnation, les médias officiels restant silencieux sur son cas.
Une banderole au cœur des accusations
Zahra Tabari est poursuivie notamment pour avoir brandi une banderole portant l’inscription « Femme, Résistance, Liberté », un slogan apparenté à « Femme, Vie, Liberté », devenu emblématique des manifestations de 2022 en Iran après la mort de Mahsa Amini. Ce mouvement avait alors cristallisé la contestation contre le pouvoir et la répression exercée à l’encontre des femmes.
Outre cet acte symbolique, elle est également accusée de collaboration avec l’organisation d’opposition des Moudjahidines du peuple (MEK), interdite en Iran. Selon la MEK, Zahra Tabari fait partie des 18 militants actuellement condamnés à mort dans le pays pour leur appartenance ou leur proximité supposée avec ce groupe.
Un appel mondial porté par des figures féminines
La lettre exigeant sa libération a été rédigée par l’association londonienne « Justice pour les victimes du massacre de 1988 en Iran ». Elle est signée par plus de 400 femmes, parmi lesquelles figurent quatre prix Nobel, d’anciennes présidentes de la Suisse et de l’Équateur, ainsi que des ex-Premières ministres de Finlande, du Pérou, de Pologne ou encore d’Ukraine. Des magistrates, diplomates, parlementaires et personnalités publiques, dont la philosophe française Élisabeth Badinter, se sont également jointes à l’appel.
« Nous exigeons la libération immédiate de Zahra et appelons les gouvernements du monde entier à se solidariser avec les femmes iraniennes dans leur lutte pour la démocratie, l’égalité et la liberté », écrivent les signataires.
L’ONU alerte sur une « exécution arbitraire »
Huit experts indépendants des Nations unies, mandatés par le Conseil des droits de l’homme, ont confirmé l’existence de la condamnation à mort et demandé à l’Iran de « suspendre immédiatement » toute exécution. Ils soulignent que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par l’Iran, réserve la peine capitale aux « crimes les plus graves ».
Or, selon eux, le dossier de Zahra Tabari « ne comporte aucun meurtre intentionnel et présente de nombreuses irrégularités de procédure ». Dans ces conditions, une exécution constituerait une « exécution arbitraire ».
Le sort des femmes en Iran en toile de fond
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de répression des femmes en Iran. La lettre des 400 personnalités rappelle que le pays est celui qui exécute le plus de femmes par habitant dans le monde. D’après l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, plus de 40 femmes ont été exécutées par les autorités iraniennes depuis le début de l’année.
Le cas de Zahra Tabari est ainsi devenu un symbole, aux yeux de ses soutiens, de la situation des femmes iraniennes et des atteintes persistantes aux droits fondamentaux dans le pays.