Madagascar traverse depuis quelques jours une crise profonde, marquée par des manifestations massives contre le gouvernement et des pénuries de services essentiels. Dans ce contexte chaotique, l’existence des brigades féminines de proximité, créées dès 2017, apparaît comme un indicateur clé de l’état de la société malgache et de ses fragilités.
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Ces unités, composées exclusivement de policières, ont pour mission d’accompagner, protéger et conseiller les femmes et enfants victimes de violences. Avec 240 membres réparties sur l’ensemble du territoire, elles représentent l’un des rares dispositifs institutionnels dédiés à la protection des populations vulnérables. Leur présence sur le terrain permet de prévenir et de documenter des violences souvent invisibles, et d’offrir un accès direct à la justice et aux services sociaux.
Leur rôle ne se limite pas à l’assistance : ces brigades ont également un effet de prévention et de sensibilisation. Dans un pays où l’État peine à maintenir l’ordre et où les institutions locales ont souvent des moyens limités, elles symbolisent la capacité de la société civile et de l’État à anticiper des tensions sociales qui, aujourd’hui, se manifestent à grande échelle.
La récente crise à Madagascar, déclenchée par des contestations populaires autour de la gouvernance et de la sécurité, révèle combien ces structures étaient
déjà un signe avant-coureur des besoins de protection et de médiation dans la société. Les brigades féminines de proximité ont, en effet, permis d’identifier et de traiter de manière préventive certaines formes de violences qui auraient pu alimenter davantage le chaos actuel.
Cependant, leur efficacité reste limitée par des moyens insuffisants et des pressions politiques et sociales croissantes. Malgré cela, elles demeurent un exemple concret de réponse institutionnelle face à des problématiques anciennes mais souvent négligées, rappelant que la stabilité sociale repose autant sur des mesures préventives que sur des interventions ponctuelles.
À travers leur action, ces brigades démontrent que le respect des droits humains et la protection des plus vulnérables peuvent constituer des repères fiables même dans un environnement instable, et que la capacité d’un État à anticiper les crises passe aussi par l’attention portée à ces acteurs souvent méconnus mais essentiels.
Celine Dou