Dans la nuit du 9 au 10 octobre 2025, le Parlement péruvien a voté la destitution de la présidente Dina Boluarte, invoquant une « incapacité morale permanente ». Cette décision met fin à un mandat marqué par la contestation sociale, des scandales financiers et des tensions institutionnelles persistantes. L’intérim est assuré par José Jeri, président du Congrès, jusqu’aux élections prévues en 2026.
Dina Boluarte était devenue présidente en 2022, après la destitution de Pedro Castillo pour tentative de dissolution du Parlement. Son mandat a été miné par :
- la méfiance populaire, alimentée par une gestion jugée autoritaire et inefficace;
- des scandales financiers, dont des montres Rolex non déclarées, ayant fragilisé sa crédibilité;
- une répression sanglante des manifestations, qui a accentué le mécontentement social.
Ces événements ont empêché toute consolidation de l’autorité présidentielle et accentué la perception d’un État incapable de répondre aux crises politiques et sociales.
Le Pérou connaît une instabilité durable : sept présidents en neuf ans. Cette rotation rapide à la tête de l’État révèle plusieurs fragilités structurelles :
- une classe politique fragmentée et incapable de consensus ;
- une constitution permissive sur les motifs de destitution ;
- et une société civile exigeante face à la corruption et aux inégalités.
L’instabilité politique a également des conséquences économiques et sécuritaires, affectant les investissements et la gouvernance dans les régions andines et amazonniennes.
La destitution de Dina Boluarte n’est pas un événement isolé : elle s’inscrit dans un contexte latino-américain marqué par la fragilité démocratique. Coup d’État au Niger et au Gabon, tensions institutionnelles en Équateur et en Haïti, manifestations sociales au Chili et en Argentine… Le Pérou devient un symbole des défis rencontrés par les démocraties dans la région, notamment lorsqu’elles doivent concilier légitimité politique et stabilité sociale.
La situation péruvienne illustre que la légitimité d’un dirigeant et la confiance populaire sont au cœur de la stabilité d’un État. Dans un contexte mondial où les institutions sont de plus en plus observées et jugées, la destitution de la présidente Boluarte rappelle que la démocratie repose autant sur des pratiques transparentes que sur la capacité à répondre aux attentes citoyennes.
Celine Dou