Ces dernières semaines, la situation de guerre est revenue, peu à peu, au Soudan et continue de croitre.
L’armée soudanaise continue son avancée dans Khartoum
L’armée soudanaise, sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhan, continue sa progression contre les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdan Dogolo. Après la reconquête du palais présidentiel de Khartoum, les troupes gouvernementales ont pris le contrôle de l’aéroport international de la capitale.
Le général Yasser Al-Atta, l’un des principaux commandants de l’armée, s’est félicité des avancées militaires :
“Les troupes sont maintenant sur tous les axes de combat, depuis le nord dans la capitale nationale, depuis le district de Khartoum dans le nord, elles se déplacent actuellement vers le sud (…) Et au sud, mes frères, sur les frontières séparant les districts de Jebel Aulia et de Khartoum de l’État de Gezira, les chars de combat mènent maintenant des batailles féroces et, avec la volonté de Dieu, ils sont victorieux.”
Outre l’aéroport, l’armée soudanaise a repris une raffinerie stratégique au nord de la capitale ainsi que plusieurs bâtiments clés du gouvernement. Depuis le début de l’année, les forces loyalistes enchaînent les victoires et consolident leur contrôle sur Khartoum.
Cependant, la guerre qui oppose les deux factions militaires depuis avril 2023 a un lourd bilan humain. Selon Amnesty International, plus de 14 000 personnes ont été tuées et plus de 10 millions de civils ont été déplacés. Les combats ont ravagé le pays, plongeant la population dans une crise humanitaire catastrophique.
Le Soudan du Sud au bord d’une nouvelle guerre civile, avertit l’ONU
Alors que le Soudan est en proie à une guerre interne, son voisin, le Soudan du Sud, risque également de basculer dans un nouveau conflit. Nicholas Haysom, chef de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MINUSS), a mis en garde contre une reprise des hostilités entre le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar.
Le gouvernement sud-soudanais a récemment reporté une nouvelle série de pourparlers de paix, exacerbant les tensions entre les factions politiques et militaires.
“Les efforts internationaux visant à soutenir la paix ne fonctionneront que si le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar sont prêts à s’engager de manière constructive et à faire passer les intérêts de leur peuple avant les leurs.” — Nicholas Haysom
Un contexte de tensions politiques et ethniques
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, a sombré dans une guerre civile en 2013, opposant les forces loyales à Salva Kiir (ethnie Dinka) à celles de Riek Machar (ethnie Nuer). Après un conflit meurtrier ayant fait plus de 400 000 morts, un accord de paix a été signé en 2018, mais l’instabilité persiste.
Les élections, initialement prévues en 2023, ont été reportées à 2026, alimentant la frustration et les tensions. De récents affrontements dans le nord du pays entre l’armée gouvernementale et la milice Armée blanche, proche de Riek Machar, ont encore aggravé la situation.
Le 4 mars, cette milice aurait attaqué une garnison militaire à Nasir, entraînant une riposte massive des forces loyalistes. Quelques jours plus tard, un hélicoptère de l’ONU a été pris pour cible, faisant plusieurs victimes, dont un général sud-soudanais.
Face à cette escalade, la mission de l’ONU tente de désamorcer la crise par la diplomatie. L’ONU appelle Salva Kiir et Riek Machar à respecter le cessez-le-feu, libérer les prisonniers politiques et privilégier le dialogue.
Un risque de guerre civile imminent
Les rivalités entre Salva Kiir et Riek Machar, combinées aux tensions ethniques et aux retards électoraux, font craindre une reprise des combats à grande échelle.
“Compte tenu de cette sombre situation, il ne nous reste plus qu’à conclure que le Soudan du Sud est au bord d’une rechute dans la guerre civile.” — Nicholas Haysom
La communauté internationale suit de près la situation, mais les perspectives de paix restent incertaines. Avec la guerre qui continue au Soudan voisin, la stabilité de toute la région est en jeu.
Joseph Kouamé