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Conflit Israël-Iran : Téhéran demande des comptes à Lisbonne après l’autorisation accordée à des avions américains, la trêve vacille quelques heures après son entrée en vigueur, Paris appelle l’Iran à renouer rapidement le dialogue (Point du mardi 24 juin)

Alors qu’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran venait tout juste d’entrer en vigueur ce mardi 24 juin au matin, la situation sur le terrain a rapidement dégénéré, mettant en doute la viabilité de cette trêve. Parallèlement, une tension diplomatique grandissante est née entre Téhéran et Lisbonne, après que le Portugal a autorisé le transit d’avions militaires américains par la base stratégique de Lajes, dans les Açores.

L’Iran interpelle officiellement le Portugal

L’ambassadeur iranien à Lisbonne, Majid Tafreshi, a annoncé que Téhéran allait officiellement demander des explications au gouvernement portugais sur l’utilisation de la base de Lajes par des avions de ravitaillement américains. Selon lui, la présence de ces appareils, qui auraient contribué indirectement aux frappes contre des installations nucléaires en Iran, remettrait en cause la neutralité du Portugal.

Dans une interview à Rádio Renascença, Tafreshi a déclaré : « Votre gouvernement devrait clarifier cette situation, et nous ne manquerons pas de la remettre en question. » Il a souligné que ravitailler des avions en route pour des missions offensives revenait à participer à l’agression elle-même. Dans un entretien à CNN Portugal, il a ajouté que « si le pays était au courant des frappes, il devrait le déclarer ouvertement ».

Le gouvernement portugais a confirmé que le 18 juin dernier, il avait autorisé le transit de 12 avions militaires américains dans le cadre d’un accord bilatéral. Le ministère de la Défense a précisé qu’il s’agissait d’une procédure habituelle, les appareils étant des avions de ravitaillement et non des chasseurs. Lisbonne a également rappelé que ce type d’autorisation est accordé régulièrement à divers partenaires.

Le cessez-le-feu compromis dès ses premières heures

Entré en vigueur à 7 heures du matin, le cessez-le-feu négocié sous l’impulsion de Donald Trump semble avoir volé en éclats dès la fin de la matinée. À 11 heures, des sirènes d’alerte ont retenti dans le nord d’Israël, signalant deux missiles balistiques tirés depuis l’Iran. Les projectiles ont été interceptés par le système de défense aérienne israélien.

En réponse, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a ordonné des frappes de représailles. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a quant à lui affirmé que « Téhéran va trembler ». De son côté, l’Iran a nié avoir violé la trêve, qualifiant les accusations israéliennes de fausses. Toutefois, un haut responsable sécuritaire iranien a déclaré que le pays « garde le doigt sur la détente pour répondre à toute agression ».

Une nuit de violence avant la trêve

Malgré la trêve annoncée, les hostilités ont continué jusqu’aux premières heures du matin. L’Iran a tiré une salve de 20 missiles sur la ville de Beer-Sheva, dans le désert du Néguev, causant la mort de quatre civils et faisant plus d’une vingtaine de blessés. Dans le même temps, Israël a poursuivi ses frappes contre des infrastructures militaires iraniennes, notamment dans le nord du pays. Un ingénieur en armement iranien aurait été tué à Téhéran.

L’armée israélienne a revendiqué le « contrôle absolu du ciel de Téhéran », annonçant avoir infligé des pertes importantes au commandement militaire iranien et détruit plusieurs cibles stratégiques. Parallèlement, l’Iran a répliqué dans la nuit en frappant la base militaire américaine d’Al Oudeïd, au Qatar, sans faire de victime selon Washington.

Donald Trump tente d’imposer une trêve fragile

C’est le président américain Donald Trump qui a annoncé, dans la nuit de lundi à mardi, la mise en place d’un cessez-le-feu de 24 heures. L’Iran s’engageait à suspendre ses frappes pendant 12 heures, suivi d’un engagement similaire de la part d’Israël. Trump a salué sur son réseau Truth Social « l’intelligence et le courage » des deux pays pour mettre fin à ce qu’il a qualifié de « Guerre de 12 jours ».

Mais la fragilité de cet accord est apparue dès les premières heures. L’armée israélienne a confirmé que de nouvelles salves de missiles avaient été tirées par l’Iran juste avant l’entrée en vigueur de la trêve, et qu’elle restait prête à répondre. À Tel-Aviv et Beer-Sheva, des explosions ont été entendues au petit matin. L’armée iranienne, via l’agence SNN, a toutefois précisé qu’il s’agissait des « derniers tirs avant la trêve ».

La diplomatie en action, mais les armes parlent encore

Selon la Maison Blanche, l’accord aurait été conclu grâce à l’entremise du Premier ministre qatari Mohammed ben Abdoulrahman al Thani, qui a mené des échanges directs avec Téhéran. Le vice-président américain J.D. Vance, le secrétaire d’État Marco Rubio et l’émissaire spécial Steve Witkoff ont également joué un rôle dans les négociations.

En parallèle, la France a exhorté l’Iran à s’engager « sans délai » dans des négociations de fond. Le ministère français des Affaires étrangères a appelé à un « arrêt complet des hostilités » et à une reprise rapide des efforts diplomatiques.

Un bilan humain et matériel toujours en hausse

Alors que les combats se sont poursuivis malgré les annonces officielles, les pertes civiles s’alourdissent. En Iran, une attaque qualifiée de « terroriste » a frappé la province de Gilan mardi matin, faisant neuf morts et 33 blessés selon les autorités locales. Par ailleurs, un expert nucléaire iranien, Mohammadreza Sediqi, a été tué lors d’une frappe israélienne, selon l’agence Nournews.

La France exhorte l’Iran à s’engager « sans délai » dans des négociations

La France a salué mardi l’annonce d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran et appelé Téhéran à s’engager « sans délai » dans des négociations sur ses activités nucléaire et balistique, réaffirmant que seule une solution diplomatique pourrait apporter une réponse durable aux défis de sécurité posés par le programme nucléaire iranien.

« La France exhorte l’Iran à s’engager sans délai dans des négociations conduisant à un accord qui réponde à toutes les préoccupations liées à ses programmes nucléaire et balistique et à ses activités déstabilisatrices. La France, en lien avec ses partenaires, est pleinement mobilisée pour contribuer à cet objectif », a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans une déclaration.

La guerre éclair entre Israël et l’Iran, déclenchée le 13 juin, devait trouver un apaisement avec la trêve annoncée par les États-Unis. Mais les faits de ce mardi 24 juin témoignent d’un climat encore extrêmement instable, où les promesses diplomatiques peinent à contenir la réalité des affrontements. Le conflit, d’abord militaire, s’étend désormais au champ diplomatique, comme le montre l’affaire de la base de Lajes. Reste à savoir si les heures à venir verront un réel engagement vers la paix ou une reprise ouverte des hostilités.

Se félicitant à son tour de ce cessez-le-feu, Emmanuel Macron a toutefois souligné que la situation restait « volatile » et estimé que le risque d’un enrichissement de l’uranium clandestin par l’Iran s’était accru avec les événements récents.

« C’est évidemment un risque qui existe, que nous redoutons depuis que le JCPoA [l’accord sur le nucléaire iranien de 2015] a été fragilisé, et contre lequel nous avons toujours cherché à lutter (…). Ce risque est accru, en effet, avec ce qui s’est passé récemment », a déclaré le président de la République.

Emmanuel Macron s’exprimait depuis la Norvège peu avant de se rendre à La Haye, où il devrait s’entretenir avec Donald Trump en marge du sommet de l’Otan qui se tient dans la ville néerlandaise jusqu’à mercredi.

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a de son côté écrit au ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, afin de lui proposer une rencontre.
Dans un message sur X, Rafael Grossi a exhorté l’Iran à reprendre sa coopération avec l’agence onusienne dans le but d’avancer vers une solution diplomatique à même de régler le dossier nucléaire iranien.