États-Unis d’Amérique : Des agents iraniens projetaient l’enlèvement de la journaliste Masih Alinejad.

Quatre agents de Téhéran ont été inculpés par la justice américaine mardi. Ils prévoyaient d’enlever et d’acheminer une journaliste féministe d’origine iranienne par bateau jusqu’en Iran.

Le FBI a déjouer une tentative d’enlèvement de la journaliste iranienne Masih Alinejad qui défend les droits des femmes et notamment contre le port du voile obligatoire.

La justice américaine a annoncé mardi avoir inculpé quatre «agents du renseignement iranien» pour avoir planifié l’enlèvement d’une reporter américaine d’origine iranienne aux États-Unis, la journaliste et militante antivoile Masih Alinejad, semblant confirmer qu’elle était la cible.

Les quatre hommes cherchaient depuis «juin 2020» à enlever «l’auteure et journaliste qui a mis en évidence les violations des droits humains commises par le gouvernement iranien» a fait savoir le ministère américain de la Justice dans un communiqué. Ils avaient prévu «d’emmener de force leur victime en Iran, où son sort aurait été, au mieux, incertain», a précisé la procureure Audrey Strauss.

Les suspects ont «utilisé les services de détectives privés pour surveiller, photographier et filmer» la victime et ses proches, «à plusieurs reprises» entre 2020 et 2021, selon le ministère.

« Au début, j’étais évidemment sous le choc. Ensuite, j’ai été inquiète. Comme n’importe qui le serait. Puis j’ai réfléchi. Toute notre vie, nous avons eu peur du régime islamique. Mais maintenant, le régime islamique a peur de moi », a précisé la journaliste et militante.

 Les agents avaient cherché une façon de transporter la journaliste hors des États-Unis. L’un d’eux se renseignant notamment sur des vedettes rapides proposant «une évacuation marine autonome» à partir de New York, et un voyage par bateau entre New York et le Venezuela, pays qui entretient «des relations amicales avec l’Iran».

Masih Alinejad est une militante féministe à l’origine du mouvement antivoile en Iran, pays qu’elle a depuis quitté. Depuis les États-Unis, où elle s’est installée, elle critique le régime iranien et sa politique, et a reçu le soutien de stars telles que Meryl Streep, qu’elle avait rejoint sur scène lors d’une conférence sur les droits des femmes, en 2016. «Aux yeux du régime iranien, toute femme qui se bat pour ses droits fondamentaux est une criminelle», avait-elle affirmé en avril dernier dans un message vidéo devant le Parlement suédois.

Masih Alinejad n’est pas nommée dans le communiqué du département de la Justice américain, mais elle a indiqué être la cible du projet d’enlèvement que les États-Unis annoncent avoir déjoué. « Merci au FBI d’avoir déjoué le projet des renseignements iraniens de m’enlever », a-t-elle dit sur Twitter, se filmant devant une fenêtre depuis laquelle on aperçoit une voiture de police.

« Cela fait deux semaines maintenant que la police est devant ma maison. Quand je leur ai demandé pourquoi ils étaient là, ils m’ont dit que c’était pour me protéger. C’est ce que m’avait dit le FBI aussi. Ils m’ont dit qu’ils m’expliqueraient plus tard, mais que la police devait être là souvent. Et ils sont là de 5h du matin à minuit », a expliqué Masih Alinejad.

La photo prise par Masih Alinejad montrant la protection policière à son intention.

Ce réseau, découvert par le FBI, visait aussi d’autres victimes vivant notamment «au Canada, au Royaume-Uni et aux Émirats arabes unis», contre lesquelles ils avaient tenté de déployer les mêmes moyens de surveillance, selon les procureurs.

Les quatre agents sont Alireza Shavaroghi Farahani, Mahmoud Khazein, Kiya Sadeghi et Omid Noori. Un cinquième Iranien résidant en Californie, Niloufar Bahadorifar, est lui soupçonné d’avoir participé au financement de ce projet.

«Chaque personne aux États-Unis doit être libre de tout harcèlement, de toute menace et de toute atteinte physique de la part de puissances étrangères», a affirmé le procureur Mark Lesko.

L’Iran est considéré comme l’un des pays les plus répressifs pour les journalistes, et exerce un contrôle de l’information «implacable» selon l’ONG « Reporters Sans Frontières », qui l’a placé en 174e place sur 180 de son classement mondial de la liberté de la presse en 2021. «Cette répression contre la liberté de l’information ne se limite pas à l’intérieur du pays», affirme RSF, qui estime que depuis 1979, au moins 860 journalistes y ont été «arrêtés, détenus ou exécutés par le pouvoir»

En janvier 2016, Téhéran avait échangé le journaliste du Washington Post Jason Rezaian contre sept Iraniens détenus aux États-Unis. Correspondant en Iran, Jason Rezaian avait été arrêté avec son épouse le 22 juillet 2014, alors que l’Iran venait d’accepter la relance de négociations sur son programme nucléaire, soupçonné par la communauté internationale de cacher un volet militaire. Son épouse avait été libérée après deux mois de détention. Accusé d’«espionnage» au profit des États-Unis, il avait lui passé 544 jours à la prison d’Evine, dans le nord de Téhéran, où il a affirmé avoir subi des mauvais traitements, été privé de sommeil et menacé d’être décapité.

L’Iran détient plus d’une douzaine d’Occidentaux également détenteurs d’un passeport iranien, pour la plupart en prison ou en résidence surveillée, comme la chercheuse franco-iranienne de Sciences Po Fariba Adelkhah, emprisonnée depuis deux ans.

Kevin Negalo

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