Tension entre le Nigeria et le Danemark. Lundi 28 novembre dernier, les danois avaient jugé et condamné un pirate nigérian de 31 ans, cette fois c’est au tour du Nigeria de poursuivre les marins danois de la frégate Esbern Snare qui l’avaient capturé.

Le directeur du département juridique du ministère nigérian des Affaires étrangères, Nicholas Ella, a déclaré, selon l’hebdomadaire danois Weekendavisen, le 24 novembre (avant la condamnation du pirate), que le Nigeria exige la libération du pirate présumé, des excuses. . du Danemark pour la conduite d’Esbern Snare et les hommes responsables de la mort des pirates qui auraient été tués lors de l’arrestation de ce Nigérian et que ceux-ci soient poursuivis.

Pour rappel , le 24 novembre 2021, des hommes des Frømandskorpset (forces spéciales de la marine danoise) déployés à bord de semi-rigides rapides depuis la frégate Esbern Snare, de classe Absalon, envoyée dans le golfe de Guinée sous la pression du shipping danois excédé par les attaques récurrentes, se sont trouvés aux prises avec neuf hommes armés dans une embarcation. Selon la marine danoise, l’embarcation, signalée comme suspecte et s’approchant de navires commerciaux, a d’abord été identifiée par un hélicoptère Seahawk qui y a repéré des équipements utilisés par des pirates, comme des échelles. Appelée à laisser les militaires danois monter à bord, l’embarcation suspecte n’a pas répondu. Des tirs de semonce ont donc suivi. Aucun marin danois n’a été blessé. C’est la première fois qu’une force internationale antipiraterie dans la région, tue des pirates présumés. Un ennui judiciaire s’ensuivit. Parce que quatre autres hommes ont été faits prisonniers, l’un d’eux a dû être soigné (sa jambe a été amputée) dans un hôpital au Ghana puis emmené au Danemark, où il a été accusé d’avoir mis en danger la vie d’autrui. Lui-même a été jugé ces derniers jours, reconnu coupable, mais il n’est pas emprisonné car son rôle dans l’affrontement n’est pas clair. Il risque un an et demi de prison. Le parquet a fait appel. Quant aux trois autres, ils ont été simplement relâchés début janvier 2022. Ils avaient été placés à bord d’un canot pneumatique équipé d’un moteur hors-bord avec suffisamment de nourriture et de carburant pour regagner le rivage seuls, tandis que les poursuites pour tentative d’homicide contre eux avaient été abandonnées.

Nicholas Ella a déclaré que les quatre Nigérians tués étaient des victimes de « meurtre ». Il a ajouté que la marine nigériane doute de l’interprétation danoise de l’incident. Le Nigeria a également demandé l’extradition du pirate qui vient d’être jugé pour une explication de l’incident.

L’’association nigériane de droit maritime (NMLA) s’était dite « préoccupée par le caractère sacré de la souveraineté du Nigéria, l’application de l’État de droit et le respect des protocoles d’engagement en ce qui concerne l’incident en question, qui se serait produit dans les eaux internationales, à 25 à 30 milles marins au sud des eaux territoriales nigérianes », dans sa zone économique exclusive. La NMLA avait appelé à une enquête indépendante pour établir le lieu de l’incident et si les règles d’engagement avaient été respectées.

Joseph Kouamé