Une partie de la communauté native américaine, comme lors du premier film, est très opposée à la sortie d’ « avatar 2 », le film de James Cameron.
Même si la suite d’ « Avatar » bat des records à son lancement en France, mais aussi à l’étranger, le dernier « blockbuster » de James Cameron ne fait pas l’unanimité, comme l’ont relevé certains médias anglo-saxons, dont le « Los Angeles Times », ce mardi 20 décembre.
D’après le quotidien, une partie de la communauté native américaine (autrement (mal) nommée « amérindienne ») a appelé au boycott du film, « horrible et raciste »a déclaré Yuè Begay. La coprésidente de l’association « Indigenous Pride LA » écrit sur Twitter : « Nos cultures nous ont été enlevées de manière nuisible pour satisfaire le complexe du sauveur d’un seul homme. ».
Plusieurs facteurs sont indiqués. D’abord, les propos du réalisateur dans le Guardian, en 2010, lors de la sortie du premier opus : « J’avais l’impression d’être 130 ans en arrière et de regarder ce que les Sioux auraient pu dire à un moment où ils étaient en train d’être massacrés et où on exigeait d’eux qu’ils s’en aillent », a déclaré James Cameron au sujet de son film. Et d’ajouter : « Cela a été une force motrice dans l’écriture d’Avatar. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que si les Sioux Lakota avaient eu une fenêtre temporelle, leur permettant de voir l’avenir, de voir que le taux de suicide de leurs enfants est le plus élevé de notre nation, de voir ce qu’il se passe maintenant, ils se seraient battus beaucoup plus fort. »
Pour rappel, le premier Avatar raconte l’histoire d’un soldat nommé Jake Sully qui est envoyé par les colons pour infiltrer les Na’vi afin de prendre leurs ressources. Mais, il sympathise avec ceux-ci et finit par se battre à leurs côtés pour arrêter l’invasion de leur terre.
Le cinéaste de 68 ans, qui a qualifié, en 2012, son film de « récit de science-fiction inspiré de l’histoire de l’Amérique du Nord et du Sud au début de la période coloniale », dit avoir entendu les critiques et avoir apporté des améliorations dans le deuxième. « Les personnes qui ont été victimes de l’Histoire ont toujours raison, a-t-il précisé dans une interview au site britannique Unilad. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue d’un homme blanc privilégié, de leur dire qu’ils ont tort. »
Les changements faits dans « Avatar la voie de l’eau » peinent à convaincre. Pour une jeune Maori australienne du nom de Mana Tyne, interrogée par le Washington Post, la représentation du Tā moko, un tatouage traditionnel permanent des Māoris de Nouvelle-Zélande et des îles Cook, est grossière. Ses « formes abstraites et dénuées de sens » dans le film servent plutôt le jeu de l’esthétique.
Pour beaucoup, l’un des principaux problèmes du premier film resterait inchangé dans le second : les personnages bleus continuaient d’être joués par des personnes qui ne faisaient pas partie de la communauté « amérindienne », alors que le film s’inspire toujours de leur histoire et leur culture.
« C’est une forme de caricature raciste, qu’on qualifie de ’Blueface’ (en référence au film de 2009), un phénomène qui vise à s’approprier beaucoup d’éléments de cultures non-blanches, les mélanger sans discernement, de manière flagrante, tout en laissant jouer des acteurs blancs pour enfin se servir de l’argument de la fiction comme médium pour valider cette construction du monde », explique Yuè Begay sur Twitter, qui précise que c’est une combinaison de « redface », de « blackface » et de « yellowface ».
James Cameron, dont les équipes ont été contactées par plusieurs médias états-uniens, n’a pas répondu aux sollicitations et ne s’est pas exprimé sur le sujet. D’une durée de 3 h 12, son film a enregistré 1,847 million d’entrées pour ses 5 premiers jours d’exploitation, lui offrant le titre du meilleur démarrage de l’année en France et un score supérieur au premier opus – mais avec un plus grand pourcentage de déception des spectateurs à l’issue de la projection, que pour le premier volet de ce qui sera, au minimum, une trilogie (« Avatar 3 » ayant été tournée en même temps que « Avatar 2 »).
Didier Maréchal & Maxime Kouadio