Le Prix Nobel de littérature japonais, Kenzaburo Oé, est mort à l’âge de 88 ans

Le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe, icône progressiste et anticonformiste japonaise, est mort à l’âge de 88 ans, a annoncé, ce lundi 13 mars, la maison d’édition Kodansha. (avec AFP).

L’écrivain Kenzaburo Oe, lauréat du prix Nobel de littérature en 1994, est décédé à l’âge de 88 ans.« Il est mort de vieillesse aux premières heures du 3 mars », a déclaré la maison d’édition Kodansha dans un communiqué ce lundi 13 mars, ajoutant que des funérailles familiales avaient déjà été organisées.

Kenzaburo Oe dénonçait sans relâche, dans son œuvre, la violence infligée aux faibles et s’oppose au conformisme de la société japonaise moderne.

Figure intellectuelle de premier plan au Japon, toujours de « haute moralité », il est un fervent défenseur de la cause antinucléaire et de la Constitution pacifiste de son pays.

Né le 31 janvier 1935, il grandit dans un hameau reculé de l’île de Shikoku, au milieu d’une vaste forêt, un cadre qu’il utilisera fréquemment dans son œuvre, comme un microcosme mythique de l’humanité. Il se gorge, enfant, des légendes subversives de son village que lui racontent sa mère et sa grand-mère. Mais sa jeunesse est noircie par la Seconde Guerre mondiale et la propagande mortifère du régime militariste nippon inculquée à l’école.

Traumatisé par la capitulation du Japon après les bombardements atomiques états-uniens de Hiroshima et Nagasaki en 1945, il est cependant très rapidement conquis par les principes démocratiques apportés par l’occupant états-unien. D’emblée, l’écrivain provincial décide de rester « à la périphérie », se promettant de ne jamais collaborer « avec ceux qui se trouvent au centre et ont le pouvoir ».

La naissance, en 1963, d’un fils handicapé, Hikari (« Lumière » en japonais), va bouleverser sa vie personnelle et donner une nouvelle impulsion à son œuvre. « Une affaire personnelle » (1964) est le premier d’une longue série de romans inspirés de sa vie privée, qui met en scène un jeune père confronté au choc de la naissance d’un bébé lourdement handicapé, jusqu’à envisager de le tuer.

Antinucléaire

Ses « Notes de Hiroshima » (1965) sont un recueil de témoignages poignants de victimes du 6 août 1945. Puis dans ses « Notes d’Okinawa » (1970), il s’intéresse au sort tragique de ce petit archipel périphérique du Japon, qui ne sera rétrocédé par les États-Unis qu’en 1972. Honni par les nationalistes japonais, Kenzaburo Oé sera poursuivi en diffamation des décennies plus tard pour avoir rappelé dans cet essai que des civils avaient été poussés au suicide par des militaires japonais durant la bataille d’Okinawa, en 1945. Il gagnera son procès au terme d’une longue procédure.

En 1994, le Nobel de littérature consacre celui « qui, avec une grande force poétique, crée un monde imaginaire où la vie et le mythe se condensent pour former un tableau déroutant de la fragile situation humaine actuelle ». Son refus, peu après, de l’Ordre de la Culture, une distinction japonaise remise par l’Empereur, fera scandale dans son pays. « Je ne saurais reconnaître aucune autorité, aucune valeur plus haute que la démocratie », avait justifié l’écrivain, fidèle à son idéal.

Didier Maréchal

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