Entraîné par la chute de l’action de Crédit Suisse, le cours en Bourse de plusieurs banques européennes a plongé ce mercredi. (avec AFP)
Les banques européennes sont dans la tourmente. Ce jeudi, vers 11h30 GMT, BNP Paribas chutait de 11,11%, Société Générale de 11,01% et Commerzbank de 10,08%, tandis que Crédit Suisse plongeait de plus de 20%. Et les indices européens perdaient de 2,9% à Francfort à 3,85% à Milan.
La raison de cette dégringolade ? Les peurs autour de Crédit Suisse. L’action de cette banque est en chute libre après des déclarations de son actionnaire saoudien qui a expliqué qu’il ne compte « absolument pas » augmenter sa participation dans la deuxième banque du pays. Le titre aligne ainsi une troisième séance d’affilée de fortes secousses, enfonçant à nouveau un plus bas historique dans un marché déjà très nerveux à l’égard du secteur bancaire, après la faillite de la banque états-unienne SVB (Silicon Valley Bank), en fin de semaine dernière.
La Banque nationale saoudienne est devenue le premier actionnaire de Crédit Suisse lors d’une augmentation de capital en novembre, lancée pour financer une lourde restructuration de la banque. Interrogé par Bloomberg TV quant à savoir si l’établissement saoudien pourrait investir davantage, son président, Ammar al-Khudairy, a clairement exclu cette option. « La réponse est absolument pas », a-t-il déclaré, « pour plusieurs raisons en plus des plus simples, qui sont réglementaires et statutaires », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le président de Crédit suisse, Axel Lehmann, a affirmé que l’établissement qu’il dirige n’a pas besoin d’aide gouvernementale. Ça n’est « pas un sujet », a-t-il déclaré lors d’une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite. « Nous avons de solides ratios financiers, un bilan solide », a-t-il insisté, assurant que la banque avait « le médicament » dont elle a besoin.
Quant au patron de la banque nationale saoudienne il a expliqué : « nous détenons actuellement 9,8% de la banque. Si nous dépassons 10%, une série de nouvelles règles entrent en vigueur » et « nous ne sommes pas enclins à entrer dans un nouveau régime réglementaire. » Au regard du droit suisse, la Finma, l’autorité de surveillance des marchés, doit se prononcer si un actionnaire d’une grande banque dépasse le seuil de 10%.
Le franchissement de ce seuil de 10% dans la deuxième plus grande banque de Suisse pourrait susciter des remous dans le pays alpin alors que les actionnaires ont déjà vu leur participation diluée lors de l’augmentation de capital et ne cessent de voir la valeur de leur placement s’effondrer.
Ce mercredi 15 mars, l’action a perdu jusqu’à 23,6% touchant un nouveau point bas historique à 1,707 franc suisse. Le titre a perdu plus de 83% de sa valeur depuis la faillite de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début d’une série de scandales qui ont fragilisé la banque.
Certains actionnaires ont fini par jeter l’éponge à l’image de la société d’investissement états-unienne Harris Associates, longtemps son plus gros actionnaire, qui avait révélé la semaine passée avoir entièrement vendu sa participation dans la banque.
Début février, Crédit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d’euros) pour l’exercice 2022 sur fond de retraits massifs de fonds de la part de ses clients et prévenu s’attendre encore à une perte avant impôts « substantielle » en 2023.
La banque a depuis continué d’accumuler les revers. Mardi, le titre a déjà été secoué en Bourse alors que la banque a reconnu des « faiblesses substantielles » concernant ses contrôles internes pour ses rapports financiers. Les marchés sont fébriles à l’égard de Crédit Suisse après les secousses déclenchées par la faillite de la banque états-unienne SVB, la banque helvétique étant considérée comme le maillon faible du secteur en Suisse.
Didier Maréchal