la Chine a annoncé, mardi 9 mai dernier, l’expulsion de la consule du Canada à Shanghai, en représailles à celle d’un diplomate chinois accusé d’avoir cherché à intimider un député canadien. (Avec AFP).
Moins de 24 heures après l’expulsion, lundi, d’un diplomate chinois accusé d’ingérence au Canada pour des allégations d’intimidation d’un député, la Chine a déclaré, ce mardi, la consule générale du Canada à Shanghai « persona non grata ». Des expulsions qui relancent la guerre diplomatique entre les deux pays.
Les relations bilatérales sont tendues depuis que les autorités canadiennes ont arrêté un haut responsable du groupe chinois de télécommunications Huawei en 2018, et la Chine a détenu deux Canadiens en représailles.
Si tous les trois ont depuis été libérés, les tensions ont perduré, Pékin reprochant à Ottawa son alignement sur la politique chinoise de Washington et les autorités canadiennes accusant régulièrement la Chine d’ingérence. «Nous ne nous laisserons pas intimider», a déclaré, mardi, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, quelques heures après l’annonce par la Chine de l’expulsion de la consule du Canada à Shanghai, en représailles à celle d’un diplomate chinois par Ottawa.
«Nous avons décidé qu’il fallait envoyer un message très clair: nous n’accepterons pas l’ingérence étrangère et, quels que soient les prochains choix qu’ils feront, nous ne nous laisserons pas intimider», a répliqué le chef du gouvernement après que la Chine a appelé le Canada à cesser ses «provocations injustifiées».
Le quotidien canadien « Globe and Mail » avait indiqué, la semaine dernière, que le député conservateur Michael Chong et sa famille auraient subi de supposées pressions chinoises en raison des critiques du parlementaire envers Pékin. Le journal affirme que l’agence de renseignement chinoise visait M. Chong car ce dernier avait voté, en février 2021, en faveur d’une motion assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à «un génocide».
Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué, mardi, dans un communiqué, que Jennifer Lynn Lalonde, consule du Canada à Shanghai, était désormais «persona non grata» et devait «quitter la Chine avant le 13 mai». «La Chine se réserve le droit de prendre d’autres mesures» de représailles, ajoute le document.
À Shanghai, au consulat du Canada, des employés ont affirmé à l’AFP ne pas être au courant de la décision. Une voiture de la police chinoise était stationnée devant l’immeuble qui abrite la représentation diplomatique.
«Provocations injustifiées»
Ni le ministère des Affaires étrangères du Canada ni son ambassade à Pékin n’avaient, dans l’immédiat, fait de commentaires.
«Nous conseillons à la partie canadienne de cesser ses provocations injustifiées», a affirmé devant la presse mardi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise. Il a averti que la Chine prendra des «mesures fermes et énergiques» si le Canada «n’écoutait pas ce conseil».
Selon une source proche du dossier, Zhao Wei, fonctionnaire du consulat de Chine à Toronto, sera expulsé dans les prochains jours. La décision avait aussitôt été fustigée par la Chine, deuxième partenaire commercial du Canada, qui a accusé Ottawa de «saboter» les relations bilatérales déjà très tendues.
Dans cette affaire, la Chine avait déjà dénoncé la semaine dernière, lors de la convocation de son ambassadeur par le ministère canadien des Affaires étrangères, des «calomnies» et des «diffamations» sur ces interférences présumées.
En compagnie notamment de deux autres personnalités états-uniennes, Michael Chong avait été sanctionné en mars 2021 par Pékin dans la foulée de son vote, en réponse à de premières sanctions du Canada et des États-Unis contre la Chine sur le sujet des Ouighours (dont nous avons déjà donné, à deux reprises, ces derniers jours, les éléments factuels). Les personnes visées étaient interdites d’entrée en Chine continentale, à Hong Kong et à Macao, avait indiqué à l’époque le ministère chinois des Affaires étrangères.
Cela fait des semaines que le gouvernement de Justin Trudeau est soumis à des pressions croissantes pour qu’il hausse le ton face à Pékin, accusé de nombreuses ingérences dans les affaires canadiennes. Et ces révélations de la presse avaient encore fait monter la tension d’un cran.
La Chine est notamment soupçonnée d’avoir tenté d’interférer dans les élections canadiennes de 2019 et de 2021. Dans une série d’articles publiés par des médias canadiens, il est notamment question de financements secrets ou d’implication dans la campagne de certains candidats. Des allégations «fermement» démenties par les autorités chinoises.
Didier Maréchal