Depuis le week-end dernier, l’armée malienne, soutenue par l’armée privée russe « Wagner », affronte la coalition de rebelles Touareg. La junte militaire de Bamako vise à conquérir Kidal, un bastion indépendantiste au Nord du Mali, suite au retrait des Casques bleus de l’ONU, rendant l’affrontement inévitable. (Source : RFI).
Depuis leur coup d’État en août 2020, les militaires au pouvoir à Bamako ont mis en avant la capture de Kidal, le bastion de la rébellion Touareg dans le Nord du Mali, comme une priorité. Cette reconquête servirait à concrétiser leur engagement à rétablir la souveraineté de Bamako sur l’ensemble du pays. Par ailleurs, elle offrirait un moyen d’atténuer, du moins temporairement, l’incapacité de l’armée à vaincre les groupes djihadistes qui contrôlent une grande partie du centre du pays, en dehors des grandes villes.
Depuis ce week-end, de violents combats opposent l’armée malienne, appuyée par des mercenaires de l’armée privée russe « Wagner », à une coalition de groupes rebelles Touareg, baptisée « Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement » (CSP-PSD). Parties de Gao début octobre, les troupes gouvernementales ont atteint et fait une pause à Anéfis, à 110 km au Sud de Kidal, avant de reprendre l’offensive. Elles seraient maintenant à une trentaine de kilomètres au sud de la ville. Mais les informations, notamment sur les victimes de part et d’autre, sont très parcellaires. La région est très isolée et les réseaux téléphoniques et Internet sont coupés.
Peuplée de quelques dizaines de milliers d’habitants, carrefour stratégique sur la route de l’Algérie, Kidal est le foyer historique des insurrections indépendantistes. L’État central n’y pas mis les pieds depuis le soulèvement de 2012, quand une alliance de circonstance entre Touareg et djihadistes, avait précipité l’intervention militaire de la France.
Les accords de paix, signés à Alger en 2015, avaient permis de défaire cette alliance et d’instaurer un cessez-le-feu dans l’Azawad, le nom Touareg du Nord du Mali. Mais le fond des accords, qui prévoyaient une autonomie accrue dans un pays réunifié et une intégration des combattants rebelles dans l’armée nationale, n’a jamais été mis en œuvre. L’offensive lancée par Bamako les enterre définitivement.
Course contre la montre
La reprise des combats a été précipitée cet été par le début du retrait des Casques bleus de l’ONU, exigé par la junte, après celui des soldats français achevé à l’été 2022. Une course contre la montre s’est engagée entre l’armée malienne et les rebelles du CSP-PSD pour s’emparer des bases de l’ONU
Grâce à une opération aéroportée, la junte est parvenue, fin octobre, à prendre celle de Tessalit, mais elle a échoué à occuper celle d’Aguelhok, désormais aux mains du CSP-PSD. L’évacuation par l’ONU de son camp de Kidal, achevée il y a quelques jours, était l’assurance d’une nouvelle flambée de violences, forcément inévitable.
Joseph Kouamé