L’Algérie accuse particulièrement les Émirats arabes unis de financer des campagnes de désinformation visant à « créer un climat de tension avec les pays du Sahel » et d’avoir fourni au Maroc un logiciel espion. (Source : Le Monde).
Jusqu’à présent circonscrite à des échanges tendus dans les médias, la discorde entre l’Algérie et les Émirats arabes unis (EAU) évolue désormais vers une crise ouverte. Suite à la convocation par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, le 10 janvier, du Haut Conseil de sécurité (HCS), composé des principaux ministères, du chef d’état-major de l’armée et des responsables des services de sécurité, a exprimé, via un communiqué, ses « regrets quant aux actes hostiles envers l’Algérie émanant d’un pays arabe frère. »
Les EAU ne sont pas cités mais le message est transparent. Depuis au moins deux ans, les titres algériens multiplient les reproches envers Abou Dhabi, qualifié, en juillet, de « capitale des embrouilles » par le journal arabophone privé « El-Khabar ». Le 12 décembre 2023, la radio publique a accusé les Emirats d’avoir débloqué 15 millions d’euros au profit du Maroc pour « financer des campagnes médiatiques subversives ». Le média officiel, s’appuyant sur des « sources proches du dossier », affirme que des campagnes de « désinformation et d’intox » sur les réseaux sociaux ont pour but de « créer un climat de tension entre l’Algérie et les pays du Sahel ».
Le même jour, Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, affirmait que les Emirats Arabes Unis sont devenus une «menace pour la stabilité de l’Algérie ». Selon elle, Abu Dhabi collecte de l’argent, arme le Maroc et pousse, « avec l’entité sioniste », à la guerre au Maghreb. Les EAU « font aussi la même chose au Sahel, notamment au Nord du Mali. Ce pays est dangereux », a affirmé Mme Hanoune, tout en appelant à réduire la présence émirienne dans l’économie algérienne, car ses investissements ne sont qu’une « couverture » pour « infiltrer nos institutions ».
Joseph Kouamé