Le premier musée de l’Holocauste des Pays-Bas a été officiellement ouvert ce dimanche 10 mars, à Amsterdam, par le roi Willem-Alexander, aux côtés du président israélien, dont la présence a été huée par des centaines de manifestants « pro-palestiniens », appelant à sa comparution devant la Cour pénale internationale.
Lors de l’inauguration du tout premier musée de l’Holocauste aux Pays-Bas ce 10 mars, le roi Willem-Alexander avait invité le président israélien Isaac Herzog. Sa présence a suscité une manifestation au cours de laquelle Israël a été accusé de commettre un « génocide à Gaza ».
Le musée à Amsterdam raconte l’histoire de certains des 102 000 Juifs qui ont été déportés des Pays-Bas et assassinés dans les camps nazi, ainsi que l’histoire de leur persécution structurelle sous l’occupation allemande de la deuxième Guerre mondiale avant le début des déportations.
Le musée « donne un visage et une voix aux victimes juives de la persécution aux Pays-Bas », a déclaré le roi néerlandais Willem-Alexander dans son discours lors de la cérémonie d’inauguration dimanche. Il « nous montre également les conséquences dévastatrices que l’antisémitisme peut avoir », a-t-il ajouté.
« C’est pourquoi nous devons continuer à être conscients de la façon dont les choses ont commencé et comment elles sont allées de mal en pis », a déclaré le roi. Auparavant, le roi et le président israélien avaient visité la célèbre synagogue portugaise d’Amsterdam.
M. Herzog a salué l’initiative des Pays-Bas de créer un nouveau musée de l’Holocauste dans un contexte de montée de l’antisémitisme dans le monde. « En ce moment charnière, cette institution envoie un message clair et puissant », a déclaré M. Herzog. « Souvenez-vous ! Souvenez-vous des horreurs nées de la haine, de l’antisémitisme et du racisme, et ne les laissez plus jamais prospérer ».
La cérémonie de ce dimanche s’est déroulée dans le contexte de l’offensive d’Israël contre Gaza, qui ont suivi les incursions meurtrières du mouvement terroriste Hamas, dans le Sud d’Israël, le 7 octobre dernier.
Des manifestations pour exiger un cessez-le-feu
Des milliers de manifestants « pro-palestiniens » se sont rassemblés, au milieu d’une sécurité renforcée, sur la place de Waterloo, dans le centre d’Amsterdam, près du musée et de la synagogue. Ils ont brandi des drapeaux palestiniens, scandé « Plus jamais ça » et exigé la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.
Les organisateurs de la manifestation ont souligné qu’ils s’opposaient à la présence de M. Herzog, et non au musée et à ce qu’il commémore. « Pour nous, Juifs, ces musées font partie de notre histoire, de notre passé », a déclaré Joana Cavaco, militante anti-guerre du collectif juif « Erev Rav », en s’adressant à la foule avant la cérémonie. Elle a ajouté : « Comment est-il possible qu’un espace aussi sacré soit utilisé pour normaliser un génocide aujourd’hui ? ». Les trois quarts des Juifs néerlandais ont fait partie des 6 millions de Juifs assassinés par les nazi.
Isaac Herzog faisait partie des dirigeants israéliens cités dans une ordonnance rendue en janvier par la plus haute juridiction des Nations Unies exigeant qu’Israël fasse tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la mort, la destruction et prévenir tout acte de génocide dans la bande de Gaza.
Il a accusé la Cour internationale de justice d’avoir déformé ses propos dans l’arrêt. Israël a fermement rejeté les allégations de l’Afrique du Sud selon lesquelles l’offensive militaire menée à Gaza enfreint la convention sur le génocide. ». « J’ai été dégoûté par la façon dont ils ont déformé mes propos, en utilisant des citations très, très partielles et fragmentées, dans l’intention de soutenir une affirmation juridique infondée »>, avait déclaré le président israélien, quelques jours après la décision de la Cour Internationale de Justice.
Une organisation néerlandaise « pro-palestinienne », « The Rights Forum », a qualifié la présence de M. Herzog de « gifle au visage des Palestiniens qui ne peuvent qu’assister, impuissants, à l’assassinat par Israël de leurs proches et à la destruction de leurs terres ».
Dans un communiqué publié avant l’ouverture du musée de l’Holocauste de ce dimanche, le quartier culturel juif qui le gère s’est dit « profondément préoccupé par la guerre et les conséquences de ce conflit, avant tout pour les citoyens d’Israël, de Gaza et de Cisjordanie ». Il est « d’autant plus troublant que le musée national de l’Holocauste ouvre ses portes alors que la guerre continue de faire rage. Notre mission n’en est que plus urgente ».
Didier Maréchal