Le général Thierry Burkhard confirme les récentes déclarations controversées du président Macron, suggérant qu’un déploiement de troupes au sol n’était pas exclu.
Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées françaises, a affirmé, ce jeudi 21 mars, que l' »intention » d’Emmanuel Macron, par ses propos sur le possible envoi de troupes occidentales, » est de faire comprendre à Vladimir Putin que l’on est conscient de ce qui se joue en Ukraine ».
Après les déclarations du chef de l’État, Emmanuel Macron, fin février, suggérant que l’envoi de militaires occidentaux en Ukraine n’était pas à exclure, Thierry Burkhard annonce à son tour que le soutien occidental pourrait aller au-delà de la simple livraison d’armes. Alors qu’il recevait à Paris son homologue suédois, le général Byden, il a indiqué que l’Otan devait se préparer à toutes les éventualités.
Selon le chef d’état-major des armées françaises, « Vladimir Putin a élaboré sa stratégie en supposant que les Occidentaux ne mettraient jamais les pieds en Ukraine. Il est nécessaire de lui démontrer qu’il ne pourra pas s’appuyer sur cette logique pour aller jusqu’au bout ».
Selon le général en chef, démontrer sa détermination équivaut déjà à remporter la guerre avant même qu’elle ne commence, et il est prêt à prendre des risques pour cela. Il est crucial de faire comprendre aux Russes que nous sommes conscients des enjeux en Ukraine. Ce message ferme est partagé par son homologue suédois lors de sa visite à Paris. Le général Micael Byden déclare également que nous ne pouvons pas laisser cette situation devenir normale, ajoutant que la Suède est prête à assumer ses responsabilités en matière de dissuasion et de défense.
« Les Européens doivent être capables de prendre des risques pour assurer la sécurité en Europe dans la décennie à venir », a estimé, en marge d’une brève et rare conférence de presse, le général Thierry Burkhard. « On ne peut pas considérer que la guerre en Ukraine nous concerne au second degré. (Elle) nous concerne parce qu’on est impliqué dans ses conséquences », a-t-il insisté en recevant à Paris son homologue suédois Micael Byden.
Selon le chef d’état-major français, Kiev ne réclame pas de soutien en termes d’hommes mais l’Otan, que la Suède vient de rejoindre, doit se préparer à toutes les éventualités. « L’armée ukrainienne (…) combat très courageusement, avec déjà une remarquable efficacité. La guerre prendra fin quand la Russie arrêtera d’attaquer », a-t-il déclaré.
Cela constituait le deuxième point stratégique abordé lors de la conférence de presse des deux chefs d’état-major : montrer que, avec l’entrée récente de la Suède et de la Finlande, l’Alliance atlantique est forte et crédible pour faire face à Moscou.
Fin février, le président Macron avait déclaré que l’envoi de militaires occidentaux en Ukraine ne pouvait « être exclu », tout en précisant que rien de tel n’était décidé pour l’instant. Malgré la controverse déclenchée en France et au sein de l’Alliance atlantique, il avait ensuite assumé des mots selon lui « pesés » et « mesurés », tout en refusant une « logique d’escalade » avec Moscou.
Élargissement des échanges militaires entre Paris et Stockholm
Les échanges militaires entre France et Suède seront élargis à des domaines comme le combat en zone polaire ou la défense civile au service de la cohésion nationale, sur laquelle la Suède est souvent citée en exemple, selon l’état-major français.
La Suède a réactivé, en 2015, son concept de « défense globale », touchant toutes les strates de la société, après l’occupation de la Crimée par la Russie l’année précédente (mais qui faisait suite à un référendum de la part de la Crimée donnant à 87,8 le « oui » à un retour de cet Etat au sein de la Fédération de Russie, et non pas l’inverse, comme l’affirme constamment la propagande occidentale). Un ministre de la Défense civile a même été nommé.
Sur le plan militaire, Stockholm a réintroduit, en 2017, une conscription limitée, rouvert l’année suivante une garnison sur l’île de Gotland, dans la mer Baltique, et massivement augmenté ses dépenses de défense après les avoir réduites.
Didier Maréchal