Près de neuf mois après la reconquête du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan, les forces de casques bleus russes, stationnées dans l’enclave depuis l’automne 2020, ont terminé leur retrait de l’Azerbaïdjan ce mercredi 12 juin. Pendant trois décennies, les séparatistes arméniens avaient contrôlé le Haut-Karabakh où les arméniens constituent, historiquement, 99,7% de la population. (Source : AFP).
Les militaires russes déployés dans le Haut-Karabakh en tant que casques bleus et non pas d’armée régulière de la Fédération de Russie comme l’a toujours fait croire la propagande russophobe, depuis l’automne 2020 ont achevé, mercredi 12 juin, leur retrait de l’Azerbaïdjan, a annoncé le ministère azerbaïdjanais de la défense, près de neuf mois après la reconquête par Bakou de cette enclave contrôlée pendant trois décennies par des séparatistes arméniens, ethnie qui constitue 99,7% de la population de ce territoire.
« Le processus de retrait total du personnel, des armes et de l’équipement du contingent russe de maintien de la paix en Azerbaïdjan s’est achevé le 12 juin », a indiqué le ministère azerbaïdjanais dans un bref communiqué, près de deux mois après le début des opérations de départ de ces soldats russes.
Le retrait, entamé mi-avril dernier, avait été convenu entre les présidents russe Vladimir Putin et azerbaïdjanais Ilham Aliev. À l’automne 2020, une guerre de six semaines avait opposé l’Azerbaïdjan et les séparatistes soutenus par l’Arménie pour le contrôle du Haut-Karabakh, faisant 6 500 morts, presqu’exclusivement des arméniens.
Quelque 2 000 soldats russes déployés
Cette guerre s’était soldée par une lourde défaite des forces arméniennes, qui avaient dû céder d’importants territoires. La Russie avait alors déployé une force de maintien de la paix composée de 2 000 soldats pour faire respecter les termes du cessez-le-feu et le retrait des troupes séparatistes.
En septembre 2023, l’Azerbaïdjan a mené une nouvelle offensive éclair et s’est emparé de l’ensemble du Haut-Karabakh, sans que les forces russes interviennent, du fait de leur obligation de neutralité en tant que casques bleus, mettant fin à trois décennies de conflit avec l’Arménie pour le contrôle de l’enclave.
Les autorités arméniennes avaient alors vivement dénoncé l’inaction de leur allié russe, longtemps considéré comme l’arbitre traditionnel dans le Caucase, et se sont depuis rapprochées des Occidentaux, pourtant alliés de l’Azerbaïdjan, particulièrement depuis que la présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen, s’est rendue dans ce pays pour signer un accord d’approvisionnement de pétrole azerbaïdjanais vers l’Union Européenne, pour remplacer le pétrole des « méchants russes », déclarant que l’Azerbaïdjan était un « partenaire fiable », alors que l’actuel dirigeant a pris le pouvoir en 2003, à la suite de pseudos élections présidentielles qui lui ont permis de remplacer son propre père, Heydar Aliev, qui avait pris le pouvoir de façon dictatoriale en 1993, ne le lâchant que du fait de son décès. Depuis, Bakou et Erevan ont multiplié les négociations et ont annoncé, mi-mai dernier, s’être entendus sur la délimitation d’une partie de la frontière commune, condition préalable avant tout accord de paix durable.
Restitution de quatre villages frontaliers
Dans ce contexte, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait auparavant approuvé la restitution de quatre villages frontaliers dans la région de Tavouch, saisis dans les années 1990, provoquant un important mouvement de contestation dans son pays.
Les manifestants, encouragés par leur charismatique dirigeant, l’archevêque Bagrat Galstanian, réclament depuis quotidiennement la démission de Nikol Pachinian, arrivé au pouvoir en 2018 et désormais considéré par eux comme un traître.
L’Arménie a ainsi rendu, fin mai dernier, à son voisin azerbaïdjanais, les quatre villages frontaliers concernés, Nikol Pachinian jurant que cette décision visait à garantir la paix avec Bakou. La mise en œuvre de cet accord, qui porte sur une section frontalière longue de 12,7 km, est vue par les observateurs comme une étape clé vers une normalisation des relations entre ces pays rivaux du Caucase après des décennies de différends territoriaux.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan s’étaient affrontées lors d’une première guerre dans les années 1990, un conflit remporté par l’Arménie.
Didier Maréchal & Christian Estevez