Ce mardi 3 septembre, le pape François, 87 ans, a entamé une visite de trois jours en Indonésie, un pays majoritairement musulman, avec pour objectif de promouvoir le dialogue interreligieux. Cette visite constitue la première étape d’une vaste tournée à travers l’Asie du Sud-Est et l’Océanie.
La visite de trois jours du Pape François en Indonésie, pays à majorité musulmane le plus peuplé du monde, est la première étape d’un voyage qui mènera le jésuite argentin aux confins de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie.
Le pape François, âgé de 87 ans, a atterri, ce mardi 3 septembre, au matin, en Indonésie, marquant le début de son voyage le plus long et éloigné depuis son élection en 2013. Arrivé peu après 5 heures du matin, (heure GMT), à l’aéroport de Jakarta, sur l’île de Java, après un vol de treize heures, il passera trois jours dans le pays avant de se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour.
Accueilli par des responsables religieux à sa descente d’avion et recevant un bouquet de fleurs, le pape, en fauteuil roulant, a ensuite pris place à l’avant d’une modeste berline blanche pour rejoindre l’ambassade du Vatican à Jakarta. François devait se reposer mardi avant de participer à une réception mercredi matin, à l’invitation du président sortant Joko Widodo.
Cette tournée en Asie représente un défi physique considérable pour le pape François, un jésuite argentin qui a connu des problèmes de santé ces dernières années, mais qui semble souvent revigoré par les voyages et les interactions avec les fidèles. Après Paul VI en 1970 et Jean-Paul II en 1989, François devient le troisième pape à se rendre en Indonésie, un archipel de 17 500 îles où environ 8 millions de catholiques – soit moins de 3 % de la population – cohabitent avec la plus grande population musulmane au monde, comptant 242 millions de personnes (87 %).
À Jakarta, une mégalopole polluée et régulièrement menacée par les inondations, le pape, qui a fait de la défense de l’environnement un thème central de son pontificat, pourrait de nouveau lancer un appel contre le réchauffement climatique. Toutefois, cette visite sera principalement axée sur le dialogue islamo-chrétien, avec une rencontre interreligieuse prévue jeudi 5 septembre dans la plus grande mosquée d’Asie du Sud-Est, en présence des représentants des six religions officielles du pays (islam, christianisme : catholicisme et protestantisme, bouddhisme, hindouisme et confucianisme).
Le pape signera une déclaration conjointe avec le grand imam Nasaruddin Umar, axée sur deux thèmes principaux : la déshumanisation causée par les conflits et la violence envers les enfants et les femmes, ainsi que la protection de l’environnement, a indiqué Antonius Subianto Bunyamin, président de la Conférence des évêques indonésiens. La mosquée Istiqlal, située à côté de la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption, est reliée à cette dernière par un « tunnel de l’amitié » construit en 2020, symbolisant la fraternité religieuse.
Un message souhaitant la « bienvenue au pape François » était visible, lundi, sur un immense panneau déroulant du centre de Djakarta, tandis que le gouvernement a publié un timbre spécial en son honneur. Dans la capitale indonésienne, François rencontrera le président sortant, Joko Widodo, présidera une messe dans un stade de 80 000 places et prononcera plusieurs discours, dont un aux autorités et au corps diplomatique.
Discrimination croissante envers les minorités religieuses
Cette visite est « très importante pour l’avancement des relations interreligieuses » dans le pays et à l’étranger, a salué, ce lundi 2 septembre, le journal indonésien indépendant « Jakarta Post », dans un éditorial. Des observateurs critiquent une discrimination croissante envers les minorités religieuses, notamment envers les chrétiens, dans certaines régions, et des voix s’élèvent pour demander au gouvernement de prendre des mesures. En août, le Syndicat des journalistes pour la diversité, le « Sejuk », a ainsi recensé huit cas de violations de la liberté religieuse, parmi lesquels des actes de violence contre des lieux de culte, des permis de construire refusés et des agressions, a déclaré à l’Agence France-Presse son directeur, Ahmad Junaidi.
François s’est rendu à plusieurs reprises dans des pays à majorité musulmane et a signé, en 2019, à Abou Dhabi, un document sur la fraternité humaine avec le grand imam d’Al-Azhar. Ce voyage, le quarante-cinquième du pape argentin à l’étranger, était prévu en 2020 mais avait été reporté en raison de la pandémie de Covid-19.
Depuis, le souverain pontife – à la tête de l’Eglise catholique, qui regroupe 1,3 milliard de fidèles – a subi une lourde opération de l’abdomen en 2023 et connu des infections respiratoires. Il ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant ou à l’aide d’une canne. Malgré les contraintes physiques d’un tel voyage, le dispositif médical n’a pas été modifié : François voyagera avec son médecin et deux infirmiers, a dit le Vatican.
Joseph Kouamé