Moyen-Orient : les États arabes et musulmans excluent toutes paix avec Israël réaffirmant que Jérusalem-Est doit être la « capitale » d’un État palestinien

À la fin de leur sommet à Ryad, les dirigeants de pays arabes et musulmans ont appelé Israël à se retirer totalement des territoires arabes qu’il occupe pour parvenir à une paix régionale « globale ». Ils ont plaidé pour la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. (Source : AFP)

Les dirigeants de pays arabes et musulmans ont appelé, ce lundi 11 novembre, Israël à se retirer totalement des territoires arabes qu’il occupe pour parvenir à une paix régionale « globale », lors d’un sommet en Arabie Saoudite consacré à la situation au Moyen-Orient. « Une paix juste et globale dans la région (…) ne peut être obtenue sans mettre un terme à l’occupation israélienne de l’ensemble des territoires occupés » depuis 1967 – quand Israël a commencé à occuper la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le Golan syrien (conséquence la « guerre Six jours » où l’Egypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et les mouvements terroristes islamiques, se sont alliés pour faire, une deuxième fois, la guerre à Israël – ndlr)- « et ce conformément aux résolutions de l’ONU et au plan de paix arabe de 2002 », mentionne la déclaration finale du sommet.

« Crimes de génocide » pour les dirigeants de la Ligue arabe

Ces dirigeants de la Ligue arabe et de « l’Organisation de la coopération islamique », accueillis par l’Arabie Saoudite, poids-lourd régional, appellent à l’unité de tous les territoires palestiniens – bande de Gaza et Cisjordanie occupée – au sein d’un Etat palestinien, dont ils réaffirment que la capitale doit être Jérusalem-Est, occupée par Israël (ce qui était accordé par Israël à la Palestine, dans le cadre des « accords de Camp David », en 2000, Israël ayant accepté, dans ces accords, la création d’un Etat Palestinien ayant pour capitale Jérusalem, lui redonnant 2 des 4 quartiers de la ville, mais que le dirigeant de l’OLP, Yasser Arafat, alors seul chef des palestiniens, a finalement refusé, trahissant, de fait, les accords, car voulant plus la disparition d’Israël que la création d’un Etat palestinien, comme cela a toujours été le cas des pays musulmans et l’est toujours autant aujourd’hui – ndlr) . Le sommet de Ryad représentait, selon des analystes, une occasion pour ses participants de fixer leurs attentes envers la future administration du président élu états-unien, Donald Trump .

Lors de son premier mandat, ce dernier avait multiplié les gestes en faveur d’Israël, notamment en transférant l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique de Tel-Aviv à Jérusalem, mais aussi contribué à la normalisation de ses liens avec Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Maroc et le Soudan, via les « accords d’Abraham ». Jusque là, parmi les 22 pays de la Ligue arabe, seuls l’Egypte et la Jordanie entretenaient des relations formelles avec Israël. Mais le gouvernement de Benjamin Netanyahu est hostile à la solution à deux Etats, israélien et palestinien vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, pour régler le conflit vieux de plusieurs décennies, voulue par la plus grande partie de la communauté internationale.

Vouloir établir un Etat palestinien n’est pas « aujourd’hui » un projet « réaliste », a déclaré, ce lundi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar. « Un Etat palestinien (…) sera un Etat Hamas », a-t-il estimé. Les participants au sommet ont aussi « fermement condamné » les actions de l’armée israélienne, qualifiées de « crime de génocide (…) en particulier dans le Nord de la bande de Gaza au cours des dernières semaines », où l’armée israélienne mène une offensive de grande ampleur depuis le 6 octobre.

Ils ont appelé la communauté internationale à « interdire l’exportation ou le transfert d’armes et de munitions à Israël » et condamné « les attaques continues des autorités israéliennes (…) contre l’ONU ». La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque d’une barbarie sans précédent du mouvement terroriste islamique Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes (et sans compter le nombres de personnes torturées et/ou violées).

L’offensive de représailles menée par Israël, qui a juré d’anéantir le mouvement islamiste palestinien, a fait plus de 43 600 morts, selon les données du « ministère de la Santé » du Hamas, jugées fiables par l’ONU (qui, précisons-le, est depuis déjà des décennies sous l’influence et la domination des pays arabo-musulmans, leur accordant même les présidences des commissions des droits Humains (Arabie Saoudite) et des droits de la femme (Iran), deux pays tristement célèbres pour en violant allégrement, respectivement les droits) , plongeant, prétendument, le petit territoire assiégé dans un désastre humanitaire (alors que les rapports quotidiens, depuis plus d’un an, prouvent qu’une immense quantité d’aide humanitaire est livrée chaque jour et que les marchés dans la bande de Gaza sont loin d’être dépourvus de marchandises – et ce malgré le fait que le Hamas requestionne pour lui-même, la majeure partie de l’aide humanitaire fournie, comme l’on prouvé de nombreux reportages et enquêtes indépendantes internationales). Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a averti de la « forte probabilité d’une famine » dans le nord de la bande de Gaza, s’élevant contre « le recours à la faim comme arme de guerre ».

Israël mène aussi, depuis le 23 septembre de cette année, une guerre ouverte au Liban voisin contre le mouvement terroriste chiite islamique Hezbollah, soutenu depuis sa création, en 1982, par l’Iran , qui avait ouvert un front contre lui en soutien à son allié palestinien au début de la guerre à Gaza. Des frappes israéliennes, ce lundi soir, ont tué, au moins sept personnes, « pour la plupart femmes et enfants », comme l’affirme le Hezbollah, à Saksakieh, dans le Sud du Liban, et au moins huit autres sur un village du Nord, visé par un rare raid à une telle distance de la frontière avec Israël, a indiqué le « ministère de la Santé ».

Réchauffement irano-saoudien


« Le monde attend » que la future administration Trump, mette « immédiatement » fin aux guerres à Gaza et au Liban , a pour sa part déclaré, à Ryad, le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref. Il a qualifié les assassinats des dirigeants du Hamas palestinien, en juillet à Téhéran, et du Hezbollah libanais, fin septembre près de Beyrouth, de « terrorisme organisé » de la part d’Israël. Plus tôt, le dirigeant de facto de l’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane avait affirmé qu’Israël devrait « s’abstenir d’attaquer » l’Iran, sur fond d’échanges de frappes et de menaces entre les deux pays.

Le prince héritier saoudien a qualifié l’Iran de « République sœur », signe du réchauffement entre les deux puissances rivales régionales, qui ont mis fin, en 2023, à une brouille de sept ans. Ce réchauffement « crée un environnement régional bien différent » de celui du premier mandat de Donald Trump, estime H.A. Hellyer, spécialiste de sécurité internationale à l’institut « Royal United Services » de Londres. Ennemi juré d’Israël, l’Iran soutient le Hezbollah, le Hamas ainsi que les rebelles yéménites houthis. Ryad tente de s’extirper du conflit au Yémen après avoir soutenu le gouvernement face aux Houthis, mais considère le Hezbollah comme une « organisation terroriste ».

Les Houthis ont revendiqué une nouvelle attaque ce même lundi contre une base militaire en Israël, l’armée confirmant avoir intercepté un missile provenant du Yémen. Le Hezbollah, qui revendique quotidiennement des tirs sur le Nord d’Israël, a lui affirmé être « prêt pour une guerre de longue durée ». Après que M. Saar a fait état de « certains progrès  » en vue d’un cessez-le-feu au Liban, conditionné à une neutralisation du Hezbollah, son collègue de la Défense, Israël Katz, l’a exclu sans « capitulation » du mouvement islamiste libanais.

Didier Maréchal & Christian Estevez

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