Guerre Israël-Hamas : ce que l’on sait des discussions sur un accord de cessez-le-feu à Gaza

Les récentes discussions ravivent l’espoir d’un accord entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza, potentiellement avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, bien que des obstacles subsistent. (Source : AFP)

Ce mercredi 18 décembre, les États-Unis d’Amérique et les médiateurs des pays arabes s’efforçaient de parvenir à un accord entre Israël et le Hamas pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, qui aurait causé plus de 45 000 morts, selon le « ministère de la Santé » du Hamas.

Plusieurs diplomates indiquent à l’AFP que les récentes menaces du président-élu états-unien, Donald Trump, dans le cas où tous les otages détenus à Gaza ne seraient pas libérés avant son retour au pouvoir le 20 janvier prochain, ont eu un effet.

« Les négociations en cours ont permis de résoudre la plupart des points de désaccord », a déclaré, ce mercredi 18 décembre, un responsable du Hamas à l’AFP, évoquant une « finalisation des détails » au Qatar.

La veille, les États-Unis d’Amérique avaient déclaré leur « optimisme prudent » quant à la possibilité d’un tel accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages captifs à Gaza contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël. « Le Hamas est maintenant plus flexible, ce sont les responsables du mouvement de la diaspora qui mènent les négociations, et ils sont beaucoup plus pragmatiques » que les responsables du mouvement à Gaza, affirme à l’AFP une source diplomatique, jugeant le mouvement terroriste islamique Hamas affaibli après plus d’une année de guerre, marquée par la mort de plusieurs de ses principaux chefs, tués à Gaza ou assassinés au Liban ou en Iran.

Le mouvement terroriste palestinien a également perdu le soutien d’un autre mouvement terroriste islamiste, le Hezbollah, qui entretenait un front contre Israël à sa frontière nord, depuis la trêve entrée en vigueur fin novembre entre le mouvement islamiste libanais et Israël. Selon un diplomate, cela pousserait le Hamas à vouloir un accord « avant la fin de l’année ».

À quoi pourrait ressembler l’accord ?

Lors de l’attaque sanguinaire du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, 251 personnes ont été prises en otages (dont un nouveau-né âgé de seulement 7 mais et d’autres enfants de moins de 5 ans). Sur ce total, 96 restent détenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.

Des responsables du Hamas ont évoqué, lors d’entretiens avec l’AFP, un accord qui se déroulerait en trois étapes, comme cela avait déjà été précédemment discuté.

Lors de la première phase, qui durerait six semaines, des civils et des soldates israéliennes seraient libérés en échange de « centaines de prisonniers palestiniens ». Selon les mêmes sources, Israël retirerait du couloir de Philadelphie (bande de terre contrôlée par l’armée israélienne le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte) ses forces situées à « l’ouest du poste-frontière de Rafah ».

Les forces israéliennes se « retireraient également partiellement » du corridor de Netzarim, autre axe contrôlé par l’armée israélienne et coupant la bande de Gaza d’est en ouest. Elles quitteraient aussi « progressivement » les centres urbains et les camps de réfugiés de la bande de Gaza.

Enfin, cette première phase verrait le retour progressif des habitants déplacés de la ville de Gaza et du nord du territoire, sous la supervision de l’armée israélienne.

Une deuxième phase conduirait à la libération des soldats israéliens en échange d' »un certain nombre » de prisonniers palestiniens, « dont au moins cent condamnés à des peines longues ». Durant cette phase, Israël achèverait son retrait militaire mais maintiendrait des forces dans les zones frontalières à l’est et au nord de Gaza-ville.

Lors de la dernière phase de l’accord, « la guerre serait officiellement déclarée terminée », et les efforts de reconstruction commenceraient.

Le Hamas souhaite également la réouverture des points de passage, notamment celui de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, qui « serait confié à l’Autorité palestinienne, en coordination avec l’Égypte et l’Union Européenne, conformément à l’accord de 2005 » – ce que plusieurs sources diplomatiques sollicitées par l’AFP jugent compliqué, voire impossible.

Mais rien de tout cela n’est confirmé à ce stade du côté israélien. « Moins on en dit, mieux c’est », a déclaré, toujours ce mercredi, à l’AFP, un porte-parole du gouvernement israélien, refusant de commenter l’accord.

Points de blocage et incertitudes

En dépit d’efforts diplomatiques intenses, aucune trêve n’a pu être conclue depuis celle d’une semaine intervenue fin novembre 2023. Jusque-là, le point d’achoppement principal des négociations portait sur le caractère permanent ou non du cessez-le-feu.

Si le Hamas communique, de nombreuses interrogations demeurent sur ce qu’Israël est prêt à accepter comme calendrier précis de retrait de ses troupes de Gaza, ou sur l’avenir des zones du territoire palestinien désormais transformées en périmètres militarisés par l’armée. Et les déclarations du Hamas semblent aujourd’hui en contradiction avec certaines positions israéliennes, comme les déclarations répétées de Benjamin Netanyahu s’opposant à un retrait des troupes israéliennes du corridor de Philadelphie.

Par ailleurs, si un cadre du Hamas assure à l’AFP que « l’Égypte, le Qatar, la Turquie, les Nations Unies et les États-Unis seront les garants de l’application de l’accord », aucun de ces acteurs ne l’a confirmé. Quant à la gouvernance de Gaza après la guerre, elle fait encore largement débat, y compris au sein de la classe dirigeante palestinienne.

Didier Maréchal

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