RDC : pression sur l’UE, la CNDH prête à agir devant la Cour africaine, redéploiements inquiétants du M23 à Lubero, … – Notre point sur la situation au 3 février 2025

Une situation critique marquée par des tensions diplomatiques, des offensives rebelles et une mobilisation citoyenne.

La République démocratique du Congo (RDC) traverse une période critique marquée par l’escalade du conflit armé à l’est, des tensions diplomatiques croissantes avec le Rwanda, et une mobilisation citoyenne sans précédent pour défendre l’intégrité territoriale. Voici un tour d’horizon des derniers développements.

Pression sur l’UE pour suspendre l’accord minier avec le Rwanda

L’Union européenne est sous le feu des critiques en raison de son protocole d’accord signé en 2024 avec le Rwanda sur l’approvisionnement en minerais critiques comme le tantale et le coltan. Cet accord est accusé de faciliter l’intégration des “minerais de conflit” dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment ceux extraits illégalement dans les zones sous contrôle du M23, un groupe rebelle soutenu par Kigali selon des rapports de l’ONU.

Des pays comme la Belgique, soutenus par des députés européens, appellent à la suspension de cet accord pour faire pression sur le régime de Paul Kagame. Cependant, Bruxelles défend cette initiative comme un outil pour accroître la transparence.

Le procès historique à la Cour africaine des droits de l’homme

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) de la RDC se prépare à présenter des preuves accablantes contre le Rwanda devant la Cour africaine des droits de l’homme le 12 février. Ces preuves incluent des accusations de pillages, violences sexuelles et massacres perpétrés dans l’est du pays.

Cette démarche s’inscrit dans un effort global de la RDC pour tenir le Rwanda responsable de décennies d’agressions et de pillages systématiques.

Redéploiements inquiétants du M23 à Lubero

Après avoir pris Goma, le M23 poursuit son avancée, avec des redéploiements stratégiques vers Lubero, dans le Nord-Kivu. Ce déplacement alimente les craintes d’une intensification des combats dans cette région.

Cependant, des habitants de Butembo et Lubero, majoritairement issus de la communauté Nande, opposent une résistance farouche à l’entrée des rebelles, organisant des marches de soutien à l’armée congolaise.

Mobilisation citoyenne à Bukavu : un élan de patriotisme

À Bukavu, dans le Sud-Kivu, des milliers de volontaires, jeunes et moins jeunes, s’enrôlent aux côtés des forces armées congolaises pour défendre leur territoire contre le M23. Certains abandonnent leurs études ou leurs activités quotidiennes pour répondre à cet appel patriotique.

Cet élan, porté par des figures locales, illustre la détermination des Congolais à protéger leur pays face à l’agression étrangère.

La complaisance internationale et les failles locales : analyse d’experts

Jason Stearns, du Groupe d’Étude sur le Congo, critique la complaisance de la communauté internationale envers le Rwanda, qui aurait contribué à la montée en puissance du M23. Parallèlement, il pointe les faiblesses stratégiques du gouvernement congolais, notamment en matière de commandement militaire et de diplomatie.

Restrictions des réseaux sociaux et incertitudes

En parallèle, des restrictions sur des plateformes comme TikTok et X (anciennement Twitter) ont été constatées en RDC. Ces perturbations, intervenant dans un contexte tendu, alimentent les spéculations sur des décisions délibérées des autorités.

Un avenir incertain mais une résilience notable

Face à une crise multidimensionnelle, la RDC tente de mobiliser ses ressources internes et de plaider sa cause sur la scène internationale. L’enjeu : restaurer sa souveraineté, obtenir justice, et assurer un avenir stable à sa population. Mais entre la complaisance internationale, les manœuvres diplomatiques et l’urgence humanitaire, la route vers une résolution durable semble encore semée d’embûches.

Joseph Kouamé

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