Guerre Russie – Ukraine : Trump et Putin conviennent de négociations « immédiates » sur l’Ukraine

Après trois ans de conflit, Donald Trump a bouleversé la donne en acceptant avec Vladimir Putin d’engager des négociations “immédiates” sur l’Ukraine, tout en s’engageant à rencontrer prochainement le président russe en personne. (Source : AFP).

« Il viendra ici, et j’irai là-bas, et nous nous verrons probablement en Arabie Saoudite la première fois », a affirmé Donald Trump, lors d’un échange avec des journalistes à la Maison Blanche, sans donner de date, en prévoyant aussi un cessez-le-feu « dans un futur pas si lointain » en Ukraine.

Donald Trump a par ailleurs jugé qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, voulue par Kiev mais absolument rejetée par Moscou, ne serait « pas réaliste ». Il a également dit qu’il « faudrait des élections à un moment ou un autre » en Ukraine (pour rappel, Zelensky a annulé, en février 2024, les élections présidentielles qui devaient avoir lieu dans son pays le 21 mars 2024, évinçant puis faisant disparaître son principale conçurent pour la fonction dès décembre 2023 – ce qui fait de Zelensky un président illégitime et, techniquement, un dictateur, depuis un an) .

Une heure et demie

La Russie et les Etats-Unis d’Amérique vont commencer « immédiatement » à négocier en vue de mettre fin au conflit, a affirmé le président états-unien sur son réseau « Truth Social », en vantant une conversation « très productive » avec son homologue russe.

De son côté, Vladimir Putin a dit à Donald Trump vouloir trouver une « solution de long terme » au conflit ukrainien via des « pourparlers de paix », a annoncé le Kremlin, parlant d’un appel téléphonique de près d’une heure et demie.

Dans la foulée, le président états-unien a informé son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Cette chronologie – Vladimir Putin d’abord, Volodymyr Zelensky ensuite – souligne la rupture, dans le ton et sur le fond, avec la politique de soutien à l’Ukraine de l’ancien président Joseph Biden.

Le démocrate, qui a fait des Etats-Unis le premier appui militaire de Kiev tout en orchestrant la réponse occidentale à l’offensive majeure russe de février 2022, n’avait de cesse de dénoncer « l’agression » de la Russie, une terminologie totalement absente dans les déclarations de son successeur républicain.

« La conversation s’est très bien passée. (Volodymyr Zelensky), comme le président Putin, veut faire la PAIX », a écrit Donald Trump dans une autre publication, ajoutant que le président ukrainien échangerait vendredi à Munich, en Allemagne, avec son vice-président J.D. Vance et le secrétaire d’Etat Marco Rubio.

Pour sa part, le chef d’Etat ukrainien a souligné qu’ils avaient « longuement parlé des possibilités de parvenir à la paix ».

Les chefs de la diplomatie espagnole, allemande et française ont affirmé, ce mercredi 12 février, à Paris, qu’aucune décision sur l’Ukraine ne pouvait se prendre « sans Kiev » et sans la participation des Européens.


Travailler ensemble

« Nous voulons mettre fin aux millions de morts liées à la guerre Russie/Ukraine. Le président Putin a même utilisé mon très percutant slogan de campagne: +BON SENS+. Nous y croyons tous deux très fortement », s’est félicité le président Trump, en rapportant ce premier échange avec le président russe depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.

Barack Obama est le dernier président à s’être rendu sur le sol russe, en 2013, pour participer au G20 de Saint-Pétersbourg tandis que la dernière rencontre entre Donald Trump et Vladimir Putin, particulièrement mémorable, avait eu lieu à Helsinki en Finlande en 2018.

L’appel téléphonique survient au lendemain de la libération par la Russie d’un citoyen états-unien, Marc Fogel, condamné pour possession de drogue. En retour, les Etats-Unis d’Amérique ont accepté de libérer le Russe Alexander Vinnik, condamné pour des délits liés aux cryptomonnaies. Ce même mercredi, Washington a aussi annoncé la libération de trois personnes « détenues » au Bélarus, dont une de nationalité états-unienne.

A Bruxelles, où il a participé à une réunion de ses homologues de l’Otan, le ministre états-unien de la Défense avait déjà abattu les cartes de Washington. Pete Hegseth a en particulier jugé « irréaliste » un retour de l’Ukraine à ses frontières d’avant 2014, c’est-à-dire comprenant la Crimée.

Les pays européens devront à l’avenir assurer l' »écrasante » part de l’aide civile et militaire à l’Ukraine, a-t-il encore lancé, en assurant, par ailleurs, que si des troupes de maintien de la paix étaient déployées à un certain moment, cela ne pourra pas être fait sous l’égide de l’OTAN.

Le camp atlantiste russophobe par volonté de domination impérialiste et idéologique, s’est tout de même fait entendre, entre autres, sur « X », par la voix de Michael McFaul, l ambassadeur états-unien en Russie entre 2012 et 2014 : « Pourquoi l’administration Trump fait-elle des cadeaux à Putin – des territoires ukrainiens et le refus d’une adhésion à l’Otan – avant même de commencer à négocier? J’ai négocié avec les Russes. Il ne faut jamais leur donner quelque chose gratuitement », a-t-il affirmé.

Didier Maréchal

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