Dans ce deuxième point sur la situation au 20 février 2025 : Les combattants de l’AFC/M23 poursuivent leur avancée vers Uvira, scènes de panique et de pillages. Le M23 pille les stocks du Programme alimentaire mondial à Bukavu. Éducation en péril : 330 000 enfants déscolarisés en raison du conflit. Coups de feu près de l’ATP Challenger de Brazzaville : un tournoi brièvement interrompu. Le Conseil de sécurité de l’ONU paralysé face à la crise
Les combattants de l’AFC/M23 poursuivent leur avancée vers Uvira, scènes de panique et de pillages.
La situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC) continue de se dégrader alors que les combattants de l’AFC/M23 progressent dans la province du Sud-Kivu. Après avoir pris le contrôle de Kamanyola et Luvungi, ils se dirigent désormais vers Uvira, une ville stratégique sur les rives du lac Tanganyika.
Des affrontements violents ont éclaté dès le matin du 19 février dans le centre d’Uvira, paralysant toute circulation, y compris celle des ambulances. Selon des témoins locaux, il s’agissait d’accrochages entre des militaires congolais (FARDC) et des miliciens Wazalendo, une force pro-gouvernementale.
« Il y a eu des tirs nourris entre certains Wazalendo et des soldats FARDC qui quittaient la ville. Les affrontements ont duré jusque tard dans l’après-midi », rapporte un habitant.
Dans la confusion, la prison centrale d’Uvira a été prise d’assaut, entraînant l’évasion de plusieurs centaines de détenus.
Pillages et exactions : une population en détresse
Parallèlement aux combats, des scènes de pillages ont été signalées à Uvira. Des hommes armés, parmi lesquels certains éléments de l’armée congolaise, ont dévalisé commerces et habitations, semant la panique parmi la population.
« Ils vont de maison en maison, exigeant de l’argent et des téléphones. Ceux qui n’ont rien à donner sont menacés, parfois même abattus », témoigne un habitant terrifié.
Face à cette escalade de la violence, de nombreux habitants fuient la ville, se dirigeant vers le Burundi ou embarquant sur des bateaux en direction de Kalémie, dans la province du Tanganyika.
L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un appel urgent à la protection des civils. Les hôpitaux de la région reçoivent un nombre croissant de blessés, en majorité des civils, mais l’accès aux soins reste limité en raison de l’intensité des combats.
Le M23 pille les stocks du Programme alimentaire mondial à Bukavu
Le week-end dernier, le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par les forces rwandaises selon Kinshasa, a fait une entrée remarquée à Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Ce nouveau front intervient alors que le groupe rebelle contrôle déjà Goma, la capitale du Nord-Kivu.
Dans ce contexte, le Programme alimentaire mondial (PAM) a dénoncé le pillage de ses entrepôts à Bukavu, où étaient stockées des denrées destinées aux populations vulnérables.
« Ces ressources étaient vitales pour des familles déjà en grande détresse », a protesté l’agence humanitaire sur le réseau social X. Le PAM se dit prêt à reprendre son aide dès que la situation sécuritaire le permettra et appelle toutes les parties au respect du droit international humanitaire.
L’accès humanitaire reste un défi majeur. L’aéroport de Kavumu, principal point d’entrée pour l’acheminement de l’aide, est hors d’usage. Les routes et l’accès fluvial par le lac Kivu sont également bloqués, compliquant davantage l’intervention des ONG.
Éducation en péril : 330 000 enfants déscolarisés en raison du conflit
L’UNICEF a tiré la sonnette d’alarme : les récents combats ont empêché 330 000 enfants supplémentaires d’aller à l’école, portant le total à 795 000 élèves privés d’éducation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Avant même cette escalade, l’est de la RDC était en crise, avec 6,5 millions de déplacés, dont 2,6 millions d’enfants. L’UNICEF réclame d’urgence 52 millions de dollars pour fournir un accès à l’éducation aux jeunes affectés par le conflit.
Coups de feu près de l’ATP Challenger de Brazzaville : un tournoi brièvement interrompu
La violence dans la région a même eu un impact sur le sport. À Brazzaville, la capitale du Congo, un événement de tennis ATP Challenger a été brièvement suspendu mardi après que des coups de feu ont été entendus près du site du tournoi.
En plein match entre Guy Den Ouden et Ivan Denisov, des bruits violents ont semé la panique, et un flux en direct a montré de la fumée s’élevant au loin. L’ATP Challenger Tour a rapidement rassuré en expliquant qu’il s’agissait d’un « exercice d’entraînement de routine » mené par une académie de police locale.
Après une interruption d’environ 10 minutes, les matchs ont repris normalement, sans autre incident signalé.
Le Conseil de sécurité de l’ONU paralysé face à la crise
Alors que la situation en RDC continue de se détériorer, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence pour discuter du conflit. Mais malgré les appels pressants de Kinshasa en faveur de sanctions contre le M23 et le Rwanda, aucune mesure concrète n’a été adoptée.
La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayi Kwamba Wagner, a dénoncé l’inaction du Conseil, soulignant que les discussions stériles ne faisaient qu’alimenter la souffrance des populations civiles.
Alors que la guerre continue de ravager l’est du pays, la communauté internationale reste spectatrice, et la RDC s’enfonce un peu plus dans le chaos.
Joseph Kouamé