Aujourd’hui, 24 février 2025, dans notre point quotidien sur la situation en République Démocratique du Congo : Kabila critique la politique de Tshisekedi ; Un millier de policiers “enrôlés” par le M23 dans les territoires contrôlés ; Un conflit meurtrier : plus de 7 000 morts depuis janvier ; Les rappeurs Gradur, Damso, Ninho et Youssoupha s’unissent pour soutenir la RDC ; Félix Tshisekedi tend la main à l’opposition
Kabila critique la politique de Tshisekedi
L’ancien président congolais, Joseph Kabila, a signé une tribune dans le Sunday Times ce dimanche 23 février, marquant son retour dans l’arène politique congolaise après plusieurs années de silence. Il y critique vivement la gouvernance de son successeur, Félix Tshisekedi, qu’il accuse d’avoir contribué à la montée en puissance du M23 dans l’est du pays par son inaction.
Celui qui a dirigé la République démocratique du Congo (RDC) pendant 18 ans estime que la mauvaise gouvernance de Tshisekedi a joué un rôle clé dans l’intensification du conflit. Il craint que la guerre ne déborde des frontières, évoquant un risque d’implosion du pays.
Joseph Kabila remet également en question la réélection de Tshisekedi en 2023, qualifiant le scrutin de “mascarade” et accusant le gouvernement de museler l’opposition. Il décrit le président actuel comme un “maître absolu du pays”, gouvernant par l’intimidation, les arrestations arbitraires et l’exil forcé des opposants, journalistes et leaders religieux.
Sur le plan militaire, il critique le déploiement des troupes de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), estimant que la solution à la crise ne peut être ni militaire ni sécuritaire, mais doit être politique, sociale et institutionnelle.
Un régime qualifié de “tyrannique” par Joseph Kabila
Dans sa tribune, Joseph Kabila accuse Félix Tshisekedi d’avoir instauré un régime autoritaire en RDC, caractérisé par la répression de l’opposition, la censure des médias et les exécutions extrajudiciaires. Il affirme que les violations des droits humains ne cesseront pas, même en cas d’accord entre la RDC et le Rwanda ou d’une éventuelle défaite militaire du M23.
Les relations entre Tshisekedi et Kabila restent très tendues. Le 13 février, lors de la Conférence de Munich, Félix Tshisekedi a accusé son prédécesseur de soutenir l’opposition armée, une affirmation que le camp de Kabila dément fermement.
Avec cette tribune, Joseph Kabila signe son retour sur la scène politique, bien que ses intentions précises restent encore floues.
Un millier de policiers “enrôlés” par le M23 dans les territoires contrôlés
La situation sur le terrain ne cesse de se détériorer. La semaine dernière, après la prise de contrôle de Bukavu par l’AFC/M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, plusieurs milliers de policiers, militaires et combattants des FARDC se sont rendus au mouvement rebelle.
Dimanche, un millier de ces policiers ont débarqué à Goma en uniforme de la police nationale congolaise, mais désarmés. Escortés par des rebelles, ils ont été conduits au stade de l’Unité, où le M23 leur a organisé une “causerie morale”.
Parmi eux, des femmes, certaines accompagnées de leurs bébés. Selon un cadre du M23, ces policiers vont suivre une formation avant d’être intégrés dans les forces du mouvement rebelle.
Un de ces policiers, se présentant comme porte-parole, a déclaré : “Nous sommes de la police nationale formée pour sécuriser la population. Nous venons ici pour ajouter un plus, puis nous rentrerons à Bukavu.”
Pendant ce temps, l’insécurité grandit à Goma. Des cambriolages nocturnes se multiplient et des attaques armées ont coûté la vie à deux jeunes samedi soir.
Un conflit meurtrier : plus de 7 000 morts depuis janvier
La Première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka, a révélé ce lundi à Genève que le conflit dans l’est de la RDC a causé la mort de plus de 7 000 personnes depuis janvier. Lors d’un point de presse en marge du Conseil des droits de l’homme, elle a précisé que beaucoup de victimes n’ont pas encore été identifiées, soulignant que parmi elles, une grande partie sont des civils.
“On n’a pas encore pu identifier l’ensemble de ces personnes. Maintenant, c’est très facile de dire que ces morts-là ne sont que des militaires alors qu’il y a une masse importante de personnes civiles qui font partie de ces morts-là”, a-t-elle déclaré.
Cette annonce met en lumière l’ampleur du drame humanitaire qui frappe la région. De nombreuses organisations humanitaires et institutions internationales dénoncent un silence mondial face à la situation catastrophique dans l’est du pays.
Gradur, Damso, Ninho et Youssoupha s’unissent pour soutenir la RDC
Face à la crise, des rappeurs congolais de renommée internationale ont décidé de se mobiliser. Gradur, Youssoupha, Damso, Ninho, Josman et Kalash Criminel ont sorti, le 21 février 2025, un morceau engagé intitulé “Free Congo”, dénonçant les atrocités commises à l’est du pays. Le clip a atteint 1,2 million de vues en deux jours, se classant 3ᵉ dans les tendances YouTube.
Ce titre, plus qu’une simple chanson, est un cri du cœur. Les paroles dénoncent un génocide en cours, tandis que le clip, sous-titré en anglais, vise à porter le message au-delà des frontières. Sous la vidéo, un message destiné aux fans : “S’informer, c’est agir.” Le clip propose également des documentaires sur le conflit en RDC afin de sensibiliser le public.
Félix Tshisekedi tend la main à l’opposition
Sur le front politique, Félix Tshisekedi a convoqué une réunion à huis clos avec les membres de sa majorité présidentielle.
Alors que Bukavu est tombée aux mains du M23, le président cherche à resserrer les rangs et à renforcer sa riposte.
Tshisekedi a également lancé un appel au dialogue avec l’opposition, une tentative de conciliation qui intervient alors que la situation sur le terrain semble lui échapper.
Cependant, cet appel suffira-t-il à calmer la contestation alors que la guerre s’intensifie ? La réponse pourrait se jouer dans les semaines à venir.
Joseph Kouamé