Guerre en RDC : panique à Goma après des rumeurs de recrutement forcé dans les écoles, affrontements dans le Sud-Kivu entre un groupe allié au M23 et l’armée, une mystérieuse maladie tue plus de 50 personnes en quelques heures etc… (Notre point du 27 février)

La situation en République démocratique du Congo (RDC) demeure critique, marquée par des combats intenses dans le Sud-Kivu entre l’armée et un groupe allié au M23, une vague de panique à Goma liée à des rumeurs de recrutement forcé dans les écoles et une épidémie mystérieuse qui a causé des dizaines de morts en quelques heures.

Violents combats dans les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu

Depuis le 21 février, les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu sont secoués par des affrontements entre l’armée congolaise, soutenue par des milices locales et les forces burundaises, et un groupe armé récemment allié à l’AFC-M23.

Ce groupe, les Twirwaného, qui se présente comme une force d’autodéfense de la communauté Banyamulenge (les Tutsis du Sud-Kivu), a officialisé son ralliement au M23 après la mort de son chef, Michel Rukunda alias Makanika, tué le 19 février lors d’une frappe de drone des FARDC.

Depuis, les combats se sont intensifiés autour des communes de Minembwe et Mikenge. Les Twirwaného ont été signalés aux abords de l’aérodrome de Minembwe avant de se repositionner à Mikenge, où ils affrontent les forces gouvernementales.

Un retrait partiel des troupes burundaises a été signalé mi-février, suscitant des interrogations sur la capacité des FARDC à tenir cette région stratégique. Située à proximité d’Uvira, sur les rives du lac Tanganyika, cette zone est un point clé reliant la RDC au Burundi, à la Tanzanie et à la Zambie.

Panique à Goma après des rumeurs de recrutement forcé dans les écoles

Une vague de panique a secoué plusieurs établissements scolaires de Goma et du territoire de Nyiragongo ce mercredi matin. Des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux faisaient état d’un recrutement forcé d’élèves par les rebelles du M23.

Pris de peur, des parents se sont précipités pour récupérer leurs enfants, tandis que certains élèves ont fui les salles de classe, allant jusqu’à escalader les murs ou sauter par les fenêtres.

L’inquiétude a été renforcée par la diffusion de vidéos montrant des hommes en uniforme près de plusieurs écoles. Toutefois, les autorités locales ont démenti ces allégations, expliquant qu’il s’agissait d’une mission de routine des forces de l’ordre pour assurer la reprise des cours. Elles appellent à la retenue et demandent aux parents de ne pas céder à la panique.

Une mystérieuse maladie tue plus de 50 personnes en quelques heures

Une épidémie d’origine inconnue a déjà causé la mort de 53 personnes dans le nord-ouest de la RDC. Depuis le 21 janvier, 419 cas ont été recensés, selon l’Associated Press.

Les premiers cas sont apparus après que trois enfants ont consommé une chauve-souris. En moins de 48 heures, ils ont développé des symptômes graves de fièvre hémorragique avec vomissements et hémorragies internes, avant de succomber.

Les analyses menées par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) à Kinshasa ont écarté les virus Ebola et Marburg. Toutefois, certains échantillons se sont révélés positifs au paludisme, une maladie qui avait déjà provoqué une flambée meurtrière l’année dernière dans une autre région du pays.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rappelle que les enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées sont particulièrement vulnérables au paludisme.

Des équipes médicales ont été envoyées sur place pour surveiller l’évolution de l’épidémie et identifier l’agent pathogène responsable de ces décès fulgurants.

L’AFC/M23 poursuit sa progression vers le sud, menaçant la province du Tanganyika

Le 25 février, Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, est apparu à Bukavu, dix jours après que les rebelles ont pris le contrôle de la ville. Leur progression vers le sud continue, menaçant désormais la province du Tanganyika.

Après la capture de Minova en janvier, les forces de l’AFC/M23 ont parcouru plus de 150 kilomètres en un mois pour atteindre Bukavu. Malgré les frappes aériennes congolaises et les renforts burundais, les rebelles ont consolidé leurs positions et contrôlent désormais Kamanyola, à 45 kilomètres au sud de Bukavu.

À seulement 40 kilomètres d’Uvira, les rebelles pourraient bientôt ouvrir un corridor stratégique menant à la province du Tanganyika, une région riche en ressources minières.

Les forces congolaises et burundaises tentent de contenir la menace

Face à l’avancée de l’AFC/M23, le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, s’est rendu à Kinshasa pour rencontrer le président Félix Tshisekedi. Il a annoncé avoir reçu des instructions pour administrer la province depuis Uvira, afin d’assurer la continuité du pouvoir.

Les troupes burundaises restent mobilisées sur plusieurs axes stratégiques, notamment la Route Nationale n°5, où elles sont positionnées à seulement 10 kilomètres des forces de l’AFC/M23.

Bujumbura suit la situation de près, craignant que l’AFC/M23, soutenu par le Rwanda, ne menace sa frontière.

Pourquoi le Tanganyika est-il un objectif stratégique ?

La province du Tanganyika est l’une des plus riches de la RDC, avec des ressources minières précieuses : or, coltan, cassitérite, émeraudes, cuivre, nickel. Sa prise par l’AFC/M23 leur donnerait accès aux anciennes provinces du Katanga, considérées comme le poumon économique du pays.

Conscient de cet enjeu, le chef d’état-major des FARDC, le lieutenant-général Banza Mwilambwe, s’est rendu à Kalemie, capitale du Tanganyika, pour renforcer la défense de cette zone clé.

Un rapport accablant sur la corruption des élites congolaises

Un rapport publié le 24 février par les coalitions « Le Congo n’est pas à vendre » et le Réseau panafricain de lutte contre la corruption dénonce le pillage systématique des ressources nationales par les élites politiques. Les députés perçoivent jusqu’à 21 000 dollars par mois, alors que les enseignants, policiers et militaires survivent avec environ 100 dollars.

Les auteurs du rapport pointent des dépassements budgétaires majeurs, notamment à la présidence et dans les ministères. Ils recommandent la suppression d’organismes jugés inutiles et la fusion de certaines structures pour réduire les dépenses.

La décision du président Félix Tshisekedi d’offrir des jeeps aux 500 députés est particulièrement critiquée, alors que le pays fait face à une crise humanitaire et sécuritaire majeure.

Une situation explosive

Entre l’intensification des combats dans l’Est, l’expansion de l’AFC/M23 vers le Tanganyika, l’insécurité croissante à Goma et une épidémie mystérieuse, la RDC traverse une période critique.

Alors que la communauté internationale commence à réagir, avec des sanctions contre le Rwanda et une possible intervention militaire régionale, l’avenir du pays reste incertain.

Joseph Kouamé

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