Guerre en RDC : La RDC met à prix les têtes de dirigeants du M23, une 4Oe de morts dans une attaque de miliciens wazalendo, le Soudan dépose une requête devant la CIJ contre les Émirats pour «complicité de génocide» etc… (Notre point du 10 mars)

La République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une intensification des violences, marquée par des décisions judiciaires radicales, des massacres de civils et une situation humanitaire alarmante. Pendant ce temps, sur la scène internationale, le Soudan engage une procédure contre les Émirats arabes unis pour leur implication présumée dans un génocide.

La RDC met à prix les têtes des dirigeants du M23

Le gouvernement congolais a annoncé une récompense de 5 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation de Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga, leaders du groupe rebelle M23, qui contrôle actuellement Goma et Bukavu. Cette annonce, faite le vendredi 7 mars par le ministère de la Justice, s’inscrit dans une volonté de neutraliser les figures majeures de cette rébellion soutenue, selon l’ONU, par le Rwanda.

Ces trois hommes ont été condamnés à mort par contumace en août 2024 par la justice militaire congolaise. En parallèle, une prime de 4 millions de dollars est offerte pour capturer leurs complices encore en fuite.

Le M23 a repris les armes en 2021 et a progressivement conquis des territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Sa dernière avancée militaire lui a permis de prendre Goma et Bukavu, aggravant une crise humanitaire déjà critique.

Massacre de civils : une quarantaine de morts dans une attaque de miliciens Wazalendo

Dans la nuit du 5 au 6 mars, 43 civils ont été tués dans le village de Tambi, à une centaine de kilomètres au nord de Goma. L’attaque a été menée par les Nyatura Abazungu, une milice Wazalendo combattant aux côtés des Forces armées de la RDC (FARDC) contre le M23.

Selon une source humanitaire, certaines victimes ont été enfermées dans une maison avant d’être brûlées vives. Les assaillants auraient accusé les habitants du village de collaborer avec les rebelles du M23 avant de se replier vers Bulindi et Butenderi.

Ce massacre survient alors que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) appellent à un cessez-le-feu. Cependant, de violents combats continuent autour de Masisi entre les forces de la RDC et le M23 appuyé par le Rwanda.

Le Soudan accuse les Émirats de complicité de génocide devant la CIJ

Sur le plan international, la Cour internationale de justice (CIJ) a annoncé que le Soudan a déposé une plainte contre les Émirats arabes unis, les accusant de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire impliquée dans un génocide présumé contre les Massalits, une communauté soudanaise.

Selon Khartoum, les Émirats fourniraient aux FSR un appui financier, politique et militaire leur permettant de commettre des crimes de masse. Les Émirats ont rejeté ces accusations, niant tout soutien aux milices soudanaises.

Bukavu plongée dans l’insécurité

Trois semaines après la prise de Bukavu par le M23, la ville est en proie à une montée de la criminalité. Des assassinats, des pillages et des lynchages nocturnes sont signalés quotidiennement.

« Il ne se passe plus un jour sans qu’on n’enregistre au moins 12 morts dans la ville, parfois jusqu’à 14 morts par jour », alerte Amos Bisimwa, militant du mouvement Observatoire des actions parlementaires et gouvernementales (OBAPG).

L’insécurité est en partie due aux évasions massives de prisonniers. Plus de 5 000 détenus se seraient échappés et utilisent des armes abandonnées par les FARDC pour terroriser la population.

Les civils et les infrastructures ciblés par les violences

L’ONU s’inquiète de la détérioration des conditions humanitaires dans l’Est de la RDC. Selon l’agence humanitaire OCHA, ces dernières semaines ont vu une escalade des violences contre les civils, les écoles et les hôpitaux.
• 50 000 enfants ont dû interrompre leur scolarité dans le territoire de Lubero.
• 22 000 habitants n’ont plus accès aux soins après l’explosion d’une bombe sur un centre de santé à Alimbongo.
• À Goma, plusieurs hôpitaux ont été attaqués entre le 1er et le 3 mars.

L’aéroport de Goma reste fermé, compliquant l’acheminement de l’aide humanitaire. Les ONG doivent désormais passer par la Tanzanie et le Rwanda, mais rencontrent des blocages douaniers retardant les livraisons.

Joseph Kouamé

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