Guerre en RDC : 5 généraux de l’armée et de la police jugés à Kinshasa pour «lâcheté» devant le M23, 20 soldats burundais au côté du Congo tués, les pays d’Afrique australe retirent leur troupes militaires etc… (Notre point du 14 Mars)

La République démocratique du Congo (RDC) est en proie à des tensions militaires et politiques majeures alors que les combats contre le groupe armé M23 s’intensifient. Entre poursuites judiciaires contre des hauts gradés de l’armée, pertes humaines parmi les troupes alliées burundaises, et retrait progressif des forces d’Afrique australe, la situation dans l’est du pays continue de se détériorer.

Cinq généraux jugés pour « lâcheté » face au M23

Depuis ce jeudi 14 mars, cinq généraux de l’armée et de la police congolaise comparaissent devant la haute cour militaire à Kinshasa. Ils sont accusés d’avoir fui Goma à bord d’un bateau privé lors de l’avancée du M23, abandonnant leurs troupes sans commandement.

Les accusés, dont l’ex-gouverneur intérimaire du Nord-Kivu, sont poursuivis pour « lâcheté », « violation des consignes » et « perte de munitions ». Selon des sources judiciaires, ils n’auraient pas respecté l’ordre du président Félix Tshisekedi, qui exigeait de défendre la ville « jusqu’au sacrifice suprême ». Cette fuite a entraîné la perte de plusieurs équipements militaires, dont cinq chars T55.

Le procès, ouvert en présence du ministre de la Justice, pourrait se dérouler à huis clos dès la prochaine audience, prévue pour le 20 mars. Les généraux encourent la peine de mort, bien que leurs avocats dénoncent des dossiers qu’ils jugent vides et demandent leur libération sous surveillance.

Vingt soldats burundais tués dans des combats contre le M23

Dans les affrontements qui ont eu lieu les 12 et 13 mars, près de vingt soldats burundais, déployés en soutien à l’armée congolaise, ont été tués par le M23 et les forces rwandaises.

Un haut gradé burundais a confirmé ces pertes et la capture du major Claude Ndikumana, chef des opérations du 10e bataillon TAFOC. Les troupes burundaises ont dû battre en retraite, laissant plusieurs positions stratégiques au M23.

Le Burundi, qui avait commencé à retirer des troupes en février face à l’avancée du M23, a récemment renforcé son dispositif militaire. Cependant, la situation reste critique, notamment dans la région de Minembwe, où le M23 tente de rallier des groupes armés locaux pour consolider son contrôle territorial.

L’Afrique australe retire progressivement ses troupes de la RDC

Lors d’un sommet extraordinaire organisé le 13 mars par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les pays membres ont décidé de mettre fin au mandat de leur mission militaire en RDC et d’ordonner un retrait progressif des troupes.

Ce retrait, exigé par le président rwandais Paul Kagame, concerne environ 1 300 soldats de la SADC, dont 1 000 Sud-Africains. Depuis janvier, quatorze soldats sud-africains ont été tués dans les combats, ainsi que plusieurs militaires du Malawi et de la Tanzanie.

Malgré ce départ, la SADC a réaffirmé son soutien à la souveraineté de la RDC et appelé à une solution politique au conflit.

Des négociations directes prévues entre Kinshasa et le M23

Pour la première fois depuis le début du conflit, des pourparlers entre le gouvernement congolais et le M23 devraient s’ouvrir le 18 mars à Luanda, sous médiation angolaise.

Le M23 a accueilli favorablement cette annonce mais exige des garanties, notamment un engagement clair du président Tshisekedi. De son côté, Kinshasa reste prudent, n’ayant pas encore officiellement confirmé sa participation à ces discussions.

Alors que la RDC continue de faire face à une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent, l’avenir du pays dépendra largement de l’issue de ces négociations et des choix stratégiques du gouvernement face à la progression du M23.

Joseph Kouamé

Laisser un commentaire