Syrie : le « président intérimaire » annonce un nouveau gouvernement plus « inclusif »

Quatre mois après la chute de Bachar al-Assad, le nouveau dictateur islamiste et « président intérimaire » syrien pour au moins 3 à 4 ans, Ahmad al-Charaa, a dévoilé ce samedi 29 mars, la composition d’un nouveau gouvernement. Ce cabinet de transition, qui compte 23 membres, marque une légère ouverture avec l’intégration de figures issues de minorités religieuses et ethniques, bien que le pouvoir reste largement sous le contrôle du cercle rapproché du « président »… Donc de terroristes islamistes.

Un gouvernement un peu plus représentatif

Parmi les nouvelles nominations, Hind Kabawat, une militante chrétienne, prend la tête du ministère des Affaires sociales et du Travail, tandis qu’un ministre druze et un ministre alaouite ont également été intégrés à l’exécutif. En outre, Raed Saleh, ancien dirigeant des Casques blancs, a été nommé ministre des Catastrophes naturelles, et Mohammed Terko, un Kurde basé à Damas, dirigera le ministère de l’Éducation.

Contrairement aux gouvernements précédents, aucun Premier ministre n’a été désigné. Un secrétaire général remplira ce rôle conformément à la nouvelle constitution temporaire adoptée au début du mois.

« La formation de ce gouvernement est une déclaration de notre volonté commune de construire un nouvel État », a affirmé le président al-Charaa lors de l’annonce.

Des absences remarquées et des défis sécuritaires

Malgré cette volonté d’ouverture, le cabinet ne compte aucun représentant des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis et dominées par les Kurdes. Pourtant, au début du mois, Ahmad al-Charaa et le commandant des FDS, Mazloum Abdi, avaient conclu un accord de cessez-le-feu national et l’intégration des forces kurdes dans l’armée syrienne.

Le ministre de la Défense, Murhaf Abu Qasra, a insisté sur la nécessité de bâtir une armée « issue du peuple et pour le peuple », soulignant que la priorité était de restaurer la stabilité après une flambée de violences ayant causé plus de 1 000 morts, principalement parmi les Alaouites et les loyalistes pro-Assad.

Une crise humanitaire persistante

Alors que la Syrie tente de tourner la page de la guerre civile, la situation humanitaire demeure critique. Selon les Nations unies, environ 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et des millions de personnes souffrent de la réduction de l’aide alimentaire en raison des combats persistants.

Par ailleurs, quelques heures avant l’annonce du gouvernement, le département d’État américain a mis en garde contre un risque élevé d’attentats pendant les célébrations de l’Aïd-el-Fitr. Les autorités craignent des attaques visant des ambassades, des organisations internationales ou des institutions publiques à Damas, qui pourraient être perpétrées par des groupes armés ou des acteurs isolés.

Ce nouveau gouvernement, bien que plus inclusif, devra relever le défi de la pacification du pays tout en consolidant un équilibre fragile entre les différentes factions en présence.

Didier Maréchal

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