La situation continue de s’aggraver en République Démocratique du Congo. Notre point de ce 31 mars 2025.
Les FARDC et les Wazalendo attaquent une position du M23 à Walikale
Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les combattants Wazalendo, ont mené une offensive contre une position du M23/AFC à Kakuku, un village situé à environ six kilomètres de Walikale-centre, sur l’axe Mubi, dans le Nord-Kivu.
Selon des sources locales, les affrontements ont éclaté dans la soirée du dimanche 30 mars et se sont poursuivis jusqu’au bureau du territoire de Walikale-centre. Des tirs nourris ont provoqué un vent de panique au sein de la population civile, déjà éprouvée par plusieurs mois de violences et de déplacements forcés.
Les combattants Wazalendo se sont retirés après l’attaque, mais cette nouvelle escalade met en lumière la persistance des tensions dans la région, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu par le M23 le 22 mars dernier. D’après plusieurs témoignages, les rebelles continuent de renforcer leurs positions à Walikale, en contradiction avec leurs déclarations de retrait.
Masisi : Un notable exécuté, le M23 accusé
Dans le territoire voisin de Masisi, des acteurs communautaires accusent les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, d’avoir exécuté de manière brutale un notable local. Baeni Safari, figure influente de l’agglomération de Nyabyara, aurait été tué par balle le dimanche 29 mars dans le village de Kahira, groupement Bashali Mukoto.
Selon ces sources, les rebelles auraient attaqué une ancienne base des combattants de l’Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains (ANCDH), dirigée par Jean-Marie Bonane. Accusé de collaborer avec ces forces locales, le notable aurait été sommairement exécuté par les rebelles.
Les assassinats ciblés contre des personnalités suspectées de liens avec l’armée congolaise ou des groupes armés sont fréquents dans le Nord-Kivu. Ces violences exacerbent les tensions intercommunautaires et nourrissent un climat de peur et de méfiance dans une région déjà fragilisée par des années de guerre.
Présence militaire belge en RDC : intervention ou simple mission de formation ?
Alors que les combats se poursuivent, des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux concernant une éventuelle intervention militaire belge en RDC. Selon ces allégations, entre 300 et 400 soldats belges, accompagnés de chars et de drones, auraient été envoyés pour appuyer les FARDC contre le M23, dans un contexte de tensions croissantes avec le Rwanda.
Cependant, ces affirmations semblent infondées. L’armée belge ne possède plus de chars d’assaut opérationnels, ce qui jette un doute sérieux sur la véracité de ces rumeurs. En revanche, il a été confirmé qu’un avion Falcon 7X de la Défense belge a bien transporté des instructeurs militaires vers l’est de la RDC. Leur mission se limiterait à de la formation et à un soutien technique, sans participation directe aux combats.
Ces spéculations rappellent les tensions historiques entre la Belgique et l’Afrique centrale. En 1994, des accusations infondées avaient contribué à l’escalade de la violence avant le génocide rwandais. Aujourd’hui encore, la propagation de fausses informations peut aggraver la situation sécuritaire et compromettre les efforts diplomatiques.
Négociations au Qatar : Un fragile espoir de paix
Pendant que les affrontements se poursuivent sur le terrain, une médiation discrète a débuté à Doha, au Qatar, entre des représentants du gouvernement congolais et du M23.
Ces discussions, qui durent depuis une semaine, sont entourées d’un strict secret diplomatique. Selon des sources proches du dossier, la médiation a permis au moins une rencontre directe entre les deux parties, après une première phase de consultations séparées.
Cependant, le M23 reste méfiant. Le mouvement redoute une répétition du scénario de juin 2024, lorsque des négociations en Ouganda avaient été suivies d’un revirement brutal de Kinshasa. À l’époque, Jean-Bosco Bahala, alors en charge du programme de désarmement, avait été désavoué et emprisonné après avoir entamé un dialogue avec le M23.
Les discussions progressent lentement, notamment en raison de la fin du ramadan. Un deuxième round de négociations, consacré aux questions de fond, pourrait être organisé dans les prochains jours.
Entre guerre et diplomatie, une issue incertaine
Alors que les FARDC et les groupes armés congolais poursuivent leurs offensives contre le M23, les négociations de paix au Qatar peinent à avancer. L’avenir du conflit reste incertain : d’un côté, le gouvernement congolais cherche à renforcer son contrôle militaire sur l’est du pays ; de l’autre, les rebelles du M23 continuent de poser des conditions avant tout accord.
Si les efforts diplomatiques tentent d’apaiser la crise, la réalité sur le terrain montre que la paix en RDC est encore loin d’être acquise.
Joseph Kouamé