Le gouvernement béninois est au centre d’une controverse, l’accusant de n’avoir pas communiqué « à temps et suffisamment», après les attaques contre deux positions des forces militaires « Mirador », survenues le 17 avril dernier à Koudou et au point triple, qui ont causé la mort de 54 soldats
Chaque lendemain d’attaque armée au Bénin donne lieu à de nombreuses condamnations et accusations contre les autorités. La principale critique qui revient est le fait pour le gouvernement de ne pas communiquer « à temps » ou « suffisamment ». Malgré la déclaration du porte-parole du gouvernement, mercredi 23 avril, sur les incidents du 17 avril dernier, les reproches fusent au sein de la société, dénonçant pour certains une prise de parole « tardive », ou «incomplète » pour d’autres.
Même s’ils condamnent unanimement ces attaques, les béninois estiment ne pas avoir les réponses à toutes leurs questions. L’opinion publique s’en prend au «silence du gouvernement», les premiers jours qui ont suivi, l’attaque. Elle questionne également «les intentions » des autorités qui ont donné le bilan en deux temps et à quelques jours d’intervalles. Beaucoup le déplorent et l’assimilent à « un maquillage des chiffres».
Aboubacar Baparapé, président d’une organisation pour la défense des droits de l’homme au Bénin, s’est confié à l’AFP. Il parle d’un « sentiment de révolte» au sein de la population. Après cet incident, il fustige «l’incapacité » de l’État à protéger ses citoyens et demande le renforcement de la coopération militaire : « Il faut que les mesures sécuritaires soient renforcées, et que le gouvernement coopère avec au moins deux pays frontaliers. La question sécuritaire doit passer au-dessus des égos ».
Certains poussent loin leur émoi et se demandent «pourquoi le président béninois, Patrice Talion, n’a pas déclaré de deuil national et mis les drapeaux en berne ? ». Pour sauver la face, le porte-parole du gouvernement a présenté, ce mercredi 23 avril, aux familles endeuillées, les condoléances des autorités béninoises. Chaque famille éplorée devrait recevoir un courrier de compassion et de soutien du ministère de la Défense, a-t-il promis.
En marge de l’union sacrée suscitée par ce drame, le parti d’opposition « les Démocrates » a demandé au gouvernement des «concertations urgentes » et « sincères » avec les pays voisins. Avant lui, Wilfried Houngbeji, porte-parole de l’exécutif, avouait que cette coopération sous-régionale était « impérative» pour mener une «riposte plus efficace».
Le 17 avril dernier, 54 soldats béninois ont trouvé la mort après des attaques contre deux positions de l’opération militaire antiterroriste « Mirador », dans la zone frontalière du Burkina Faso et du Niger, dans le nord Bénin. Ces attaques ont été revendiquées, comme celles de janvier, par le Groupe terroriste islamiste JNIM.