Réunis samedi 26 avril à Hassaké (Syrie), dans une conférence, plusieurs partis politiques Kurdes syriens ont adopté une position commune pour la construction d’un État «démocratique et décentralisé», qui assure « la garantie» de leurs droits « juridiques et constitutionnels»
Plusieurs partis politiques Kurdes implantés dans le nord-est de la Syrie ont adopté, samedi 26 avril, à l’issue d’une conférence intitulée « Unité de la position et du rang Kurdes », une même position en faveur de la construction d’un État démocratique et décentralisé, après la chute de Bachar al-Assad en Syrie, où leurs droits « juridiques et constitutionnels» seraient garantis.
La rencontre, qui a connu la participation des représentants Kurdes d’Irak et de Turquie, a permis aux partis de présenter une série de revendications et de conditions préalables à toute intégration dans le nouveau système du gouvernement du pays. La principale d’entre elles étant la «garantie» de leurs droits « juridiques et constitutionnels» au sein d’un État «démocratique et décentralisé».
Les participants ont appelé à la création d’un État doté d’un système parlementaire fondé sur le pluralisme politique, la passation pacifique du pouvoir, la séparation des pouvoirs, et le respect des différentes identités ethniques, religieuses, et culturelles, avec une attention particulière portée aux droits nationaux du peuple kurde.
Dans leur déclaration, les Kurdes ont souhaité également, que la future Constitution du pays garantisse l’engagement de la Syrie à respecter les «conventions internationales» relatives aux « droits de l’Homme », protège « les libertés et les droits des femmes», et assure «leur participation active dans l’ensemble des institutions».
Ouvrant cette conférence, Mazloum Abdi, commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS, bras armé de l’administration autonome, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe terroriste djihadiste « État islamique » (Daesh/ISIS), qu’elles ont défait territorialement en 2019) a rassuré que « ce que nous voulons, ce n’est pas diviser la Syrie, mais construire une partie pour tous où chacun a sa place, sa langue, sa culture, ses droits ».
Selon les participants, il s’agit d’un projet de vision «politique kurde commune,exprimant (…) une approche réaliste pour une solution juste à la question kurde en Syrie, en tant qu’État démocratique décentralisé». La conférence a annoncé la formation prochaine d’une délégation chargée de dialoguer avec la nouvelle administration de Damas, dans le but de concrétiser les objectifs de leur position.
Dans une posture précédente, les nouvelles autorités ont rejeté toute tentative de division ou de séparatisme, visant implicitement les aspirations Kurdes à consolider l’autonomie acquise au fil du conflit depuis 2011. En mars dernier, le président Ahmad al-Charaa et le commandant des Forces démocratiques syriennes( FDS), Mazloum Abdi, ont signé un accord bilatéral visant à intégrer les institutions de l’administration autonome kurde dans l’État syrien.
Les Kurdes ont rejeté la déclaration constitutionnelle adoptée par Damas, lors de la conférence pour le dialogue national en Syrie, qui accorde les pleins pouvoirs à M. Charaa, estimant qu’elle ne reflète pas la diversité syrienne. Badran Ciya Kurd, responsable de l’administration autonome, a déclaré sur «X», que la conférence du 26 avril marquait un « moment historique» qui permettra aux Kurdes de « jouer un rôle de premier plan dans les transformations démocratiques radicales en Syrie».
Soutenus par Washington, les Kurdes, contrôlent de vastes territoires dans le nord et l’est de la Syrie, incluant les principaux champs pétroliers et gaziers. Selon les experts, les Kurdes voient dans la chute du régime de Bachar al-Assad, évincé le 8 décembre 2024, par les nouvelles autorités islamistes, l’occasion d’«être mieux représentés» dans le pays.
La rencontre de samedi 26 avril, intervient après l’exclusion des partis politiques Kurdes, à la Conférence pour le dialogue national en Syrie qui s’est tenu le 25 février 2025 au Palais du Peuple à Damas. Sous un climat d’optimisme, après consultation de nombreuses personnalités à travers le pays, cette conférence avait néanmoins, suscité « des réserves» du fait de l’exclusion des Kurdes, malgré les appels garantissant «le monopole de l’État sur les armes», «les libertés publiques», «l’économie et la justice transitionnelle» lancés lors de ce conclave, par le président par intérim Ahmed al-Charaa.