Le Premier ministre François Bayrou est interrogé ce mercredi 14 mai à 17 h ( heure locale) par une commission d’enquête sur ce qu’il savait ou pas et sur son éventuelle responsabilité dans l’affaire des violences physiques et sexuelles au collège-lycée Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), à propos de laquelle ses versions sont confuses, voire contradictoires.
À la veille de son audition par la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires, François Bayrou se veut combatif. Le chef du gouvernement sera auditionné sous serment ce mercredi sur les faits de violences psychologiques, physiques et sexuelles commis pendant un demi-siècle dans l’établissement scolaire Notre-Dame-de-Bétharram. « Ça va me permettre d’apporter un certain nombre d’éléments dans des campagnes (…) dont le seul but est la destruction. Pas la recherche de la vérité, mais la destruction », a-t-il grondé samedi lors d’un déplacement à Brest.
L’occasion de faire la lumière sur une affaire de laquelle il ne parvient pas à se dépêtrer depuis trois mois, englué par sa défense erratique. Notre-Dame-de-Bétharram n’est pourtant pas un sujet inconnu pour François Bayrou, bien au contraire : il y a scolarisé plusieurs de ses enfants et son épouse y a enseigné le catéchisme.
Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur environ 200 plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols dans l’établissement entre les années 1970 et 1990. Après les révélations de Mediapart en début d’année sur ces accusations, le Premier ministre, originaire du Béarn, a été interrogé pour la première fois par le député LFI Paul Vannier, co-rapporteur au sein de la commission d’enquête avec la députée Renaissance Violle Spillebout. « Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences, a fortiori sexuelles. Jamais », a martelé François Bayrou le 11 février.
Trois témoignages et les déclarations de la fille de Bayrou inquiètent Matignon
Mais ses dénégations répétées ont été mises à mal d’abord par les témoignages d’un ancien juge, d’un ancien gendarme et d’une professeure à la retraite qui, tous sous serment, ont assuré aux députés que le chef du gouvernement était informé de ces accusations. Fin avril, nouveau coup dur pour François Bayrou : sa fille aînée, Hélène, explique avoir subi des violences à Notre-Dame de Bétharram, et que son père a rencontré en 1998, le juge Christian Mirande, chargé de l’enquête pour viol visant le père et ancien directeur Pierre Silviet-Carricart – qui s’est suicidé à Rome en 2000. Une contradiction rude pour le Béarnais.
Le président du Mouvement démocrate s’est quelque peu perdu dans ses explications à propos de cette rencontre avec le juge, la démentant d’abord, puis évoquant une rencontre fortuite avec le magistrat, sans la moindre intervention de sa part « ni de près, ni de loin » dans l’affaire Bétharram. François Bayrou déclarera également, au cours des dernières semaines, qu’une de ses filles lui avait parlé d’une « affaire de claques données par un surveillant », mais qu’il n’avait jamais été « averti » des violences physiques et sexuelles dénoncées actuellement. « Les juges et les gendarmes, ça se trompe comme les autres », a-t-il dit le 11 avril.
Avec RFI