À Bruxelles, l’opposant ivoirien Tidjane Thiam manifeste avec ses partisans devant le Parlement européen

Alors que la justice ivoirienne a ordonné sa radiation de la liste électorale, le rendant de facto inéligible à la présidentielle du 25 octobre prochain, le président du PDCI-RDA, qui a quitté la Côte d’Ivoire il y a près de deux mois, mène une offensive diplomatique auprès des chancelleries européennes pour plaider sa cause et réclamer une élection « inclusive, transparente et crédible ».

Tidjane Thiam, président du principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, a appelé vendredi 16 mai, lors d’un sit-in devant le Parlement européen à une élection présidentielle  » inclusive, transparente et crédible », alors que son ambition de réussir l’alternance se heurte pour l’instant à son inégalité.

Tout juste réélu à la présidence du PDCI-RDA, Tidjane Thiam a participé à une manifestation de ses partisans à Bruxelles, place du Luxembourg, devant le Parlement européen, vendredi 16 mai, où ces derniers entendaient notamment dénoncer l’acharnement judiciaire  » dont serait victime leur leader.

Pour eux, la décision prise le mois dernier par la justice ivoirienne qui a ordonné la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale est une  » injustice flagrante » et une  » décision politique ».

Le principal concerné a expliqué à l’AFP à l’issue de cette marche, que la Côte d’Ivoire doit montrer  » qu’il a atteint un niveau de maturité politique suffisant pour arrêter d’éliminer les candidats aux présidentielles ».  » L’ essentiel est que la Côte d’Ivoire ait une élection inclusive, transparente, crédible, qu’elle démontre qu’elle peut avoir une alternance politique pacifique, ce que le Sénégal et le Ghana ont fait « , a-t-il poursuivi.

Homme d’affaires âgé de 62 ans, Tidjane Thiam a été élu mercredi à la tête du PDCI, principal parti d’opposition ivoirien, dans une élection où il était seul candidat. Un imbroglio sur la nationalité ivoirienne qui lui est contestée devant les tribunaux l’a poussé à démissionner de ce poste pour se représenter dans la foulée.

Cette élection ne règle toutefois pas la question de son inéligibilité à la présidentielle prévue le 25 octobre. M. Thiam fait partie des opposants au président ivoirien Alassane Ouattara qui sont radiés de la liste électorale et ne peuvent pas participer au scrutin.

Fin avril, la justice ivoirienne a mis en avant une loi de 1961 pour lui signifier qu’il n’était pas ivoirien et par conséquent le radier des listes, ce que le concerné a jugé « irresponsable ». La justice a estimé que M. Thiam avait perdu sa nationalité ivoirienne après avoir été naturalisé français en 1987, considérant, selon cette loi, que l’acquisition volontaire d’une autre citoyenneté entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.

« Cette loi désuète, n’a jamais été appliquée à personne en 64 ans , et il se sont appuyés dessus pour me faire disparaitre de la liste électorale », a souligné l’opposant et petit neveu de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny et qui fut ministre à la fin des années 1990, avant de faire carrière dans le secteur bancaire à l’étranger

Sur le plan intérieur la fronde contre les manoeuvres des autorités est persistante. L’opposant( Tidjane Thiam) ainsi que Charles Blé Goude, président du Cojep, Laurent Gbagbo du PPA-CI, Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, président du GPS, en exil depuis 2019 sont vents debout contre la Commission électorale indépendante (CEI), taillée selon eux sur mesure pour le pouvoir en place. Le RHDP, exige même son audition.

Les militants et cadres du PDCI-RDA par cette marche devant le Parlement européen, espèrent que cette institution à travers les pays comme la France, paradoxalement silencieuse depuis ces manœuvres, va enfin mettre la pression sur les autorités d’Abidjan pour qu’elles créent les conditions afin de réintégrer les cadors de l’opposition sur la liste électorale, à quelques mois de la présidentielle.

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